CHRONIQUES ALBUMS

À notre époque, lorsqu'un groupe de Black Metal Australien nous offre sa première sortie, le réflexe est désormais de s'attendre à ce que la jeune formation s'avance dans les pas de ses illustres ainés tels que Deströyer 666, Bestial Warlust ou encore Gospel Of The Horns. Et pourtant l'effet de surprise est encore de mise aujourd'hui grâce à quelques combo s'extirpant de la mode lancée par les anciens et CORVUS est de ceux-là. Au sein du groupe, pas de noms ni d'identités scéniques précises. On ne sait pas qui sont les personnes derrière CORVUS, mais cela importe peu, la musique se suffit à elle-même et tout débat sur la personnalité des membres et leurs pensées est ainsi évité. Ce premier mcd sorti chez Forgotten Wisdom démontre néanmoins que les âmes de cette entité semblent avoir un certain passé musical derrière elles et nous offrent ainsi un premier aperçu de leur talent captivant et intriguant en faisant déjà d'eux une formation à suivre pour les sorties à venir.

Les trois titres de cette première ébauche sont assez proche de l'école scandinave en particulier de ce que la scène Suédoise peut offrir de mieux. La brutalité est omniprésente, mais particulièrement bien dosée. L'auditeur n'a pas à faire ici à un mur sonore nécessitant de nombreuses écoutes afin d'être digéré et les dix-neuf minutes de cet éponyme se déroulent facilement et recèlent une atmosphère imposante et intrigante qui se délivre sans concession ni lassement. Dès le début de "Ex Oriente Lux", les amateurs du genre se prendront au jeu avec plaisir sous la déferlante des riffs incisifs et Son hommage pourra débuter. Les titres sont bien structurés, délivrant des rythmiques vindicatives, jouissives et efficaces sachant lâcher des breaks poignants et furieux au moment opportun comme pour le titre sus-cité.
Le batteur est impitoyable dans son genre, martelant ses fûts sans concession mais aérant son jeu intelligemment sans tomber dans le blast à outrance comme en témoigne le jeu martial de "Hymn", l'homme en question suivant parfaitement les élans instrumentaux de ses camarades.

Une essence orthodoxe transpire également fortement de ce premier opus que ce soit au niveau des riffs, du son, de l'imagerie ou des paroles. CORVUS semble être une entité musicale dédiée au Malin et ils le lui rendent bien. Le chant est possédé, très guttural, écorché et agressif véhiculant ses incantations au démon d'une manière parfaitement appropriée au style pratiqué et renforce réellement cette noirceur tourbillonnante qui émane de la musique et plus précisément des parties de guitares, qui bien qu'elles n'atteignent pas le niveau de complexité dans leur structure d'un Deathspell Omega par exemple restent assez évolutives et peuvent offrir des passages pesants et poignants comme pour le premier titre ou bien des passages plus mélodiques comme le second, empêchant une quelconque redondance ou une perte d'intensité.

CORVUS signe donc là une première sortie aboutie et de qualité. Aucun vrai reproche n'est à lui faire car ce mcd éponyme, en dépit de sa faible durée de vie, donne l'impression que rien n'est à ajouter ou à retirer. L'œuvre semble complète et soigneusement mise en forme et procure un véritable plaisir d'écoute. À suivre... aucun doute n'est permis !