TALBOT EOS [ 2010 ] |
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CD Durée : 43.42 Style : Stoner |
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ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
PRODUCTION |
EMOTION |
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Chronique : 08 mars 2011 , réalisée par Oceancloud | ||||
Qui n'a jamais rêvé de découvrir les sensations d'un voyage en apesanteur? Fouler la poussière des cratères lunaires et carboniser le capteur de son appareil numérique face au rayonnement solaire en tentant de photographier la Terre? Sentir la morsure du zéro absolu et le frisson du vide intersidéral l'envahir? Que les pauvres rêveurs bien ancrés sur Terre que nous sommes se rassurent, certains artistes s'échinent à nous faire voyager loin, loin, avec de simples bouts de musiques. Particulièrement les Estoniens de Talbot – rien à voir avec la marque de voitures – qui nous ouvrent un corridor cosmique à travers le temps et l'espace grâce à leur premier disque au titre énigmatique, "EOS". Décollage immédiat. Ils sont peu à officier et être reconnus dans le stoner dit "cosmique": YOB, Ufomammut et S:t Erik sont les seuls noms qui me viennent. Il faudra désormais y adjoindre Talbot dont la caractéristique la plus surprenante n'est ni d'être estonien, ni d'évoluer en duo, mais bel et bien de ne pas employer la moindre guitare. Basse, batterie, synthés et voix, il n'en faut pas plus à ces extraterrestres pour nous envoyer musicalement en orbite. Pas de guitare, non. Mais au résultat, on se dit qu'une six cordes n'aurait vraiment rien apporté à ce son étourdissant qui nous enveloppe sur ce disque. Epais, lourd, grognant, tout le travail rythmique repose sur la basse hyper saturée et grave, qui vrombit des riffs sabbathiens aussi denses qu'un quasar. A cela s'ajoute une batterie évidemment pesante et groovy, style oblige, aux cymbales hystériques, ne cessant ne tinter comme une pluie d'astéroïde sur une carcasse abandonnée de station orbitale russe. Aucune révolution à l'horizon mais suffisamment d'idées et de savoir faire pour passionner du début à la fin. Maintenant que la trajectoire est tracée, il ne restaient plus à notre duo qu'à laisser libre champ à l'inventivité de l'instrument principal et des synthés. Entre psychédélisme et exploration cosmique, Talbot pousse la basse dans ses derniers retranchements en lui tirant des sons et des bruitages dignes d'un épisode de Star trek, appuyés par des claviers tout aussi maltraités mais plus discrets. Ce voyage parmi les astres alterne entre grondements telluriques, explosions de supernova et flottements oniriques dans un flux de particules flottantes et le paysage est décrit par deux voix opposées mais complémentaires. D'un coté, un raclement sludge rageur, suscitant la peur de l'infini et de l'autre le chant chaud et apaisant du rock psyché, vantant la beauté des phénomènes de la création. "EOS", "Cayenne", Observer X"... autant de perles en suspension dans le vide rendant presque à la perfection l'atmosphère qui peut régner lors de l'amalgame de deux galaxies ou l'effondrement d'une naine blanche. Ce n'est qu'en milieu de parcours que l'on commence à perdre un peu pied devant l'immensité et la relative répétition des ambiances. Mais nous sommes déjà loin, aux confins de l'univers, là où les étoiles se font plus rares, où le temps ne semble déjà plus le même. Et le retour n'est déjà plus possible... Massif, vibrant, mystérieux et attractif, comme un objet céleste vorace et sans pitié, ce premier satellite de Talbot les place d'ors et déjà dans la navette des formations inventives et originales. Celles dont on suit la carrière avec autant d'intérêt que l'on assisterait au big bang lui même. Vers l'infini et au delà. |
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