CHRONIQUES ALBUMS

Peu me contrediront, mais savourer un album de Goregrind c’est un peu comme savourer une série B. Nous sommes perpétuellement ballottés entre l’atterrement complet et un amusement un peu gêné. L’auditeur est médusé, malmené par l’absence de talent, le manque de moyen et un second degré douteux, souvent là pour aider à avaler la pilule. Trêve de bavardage, qu’en est-il de ce nouvel album d’INFECTIOUS CATHETER THERAPY sobrement intitulé « Incredible Stories from Daily Human’s Life » ?

Premier coup d’œil informatif, ICT offre quatorze chansons pour vingt-neuf minutes, ce qui est autre chose qu’un LAST DAYS OF HUMANITY qui en expédie dix en sept minutes seulement. Une bonne moyenne pour du Goregrind, ce qui d’emblée caresse dans le sens du poil le chroniqueur médisant et lui fait dire qu’après tous ce « Incredible Stories from Daily Human’s Life » n’est pas aussi bâclé qu’il en a l’air. Musicalement, ICT applique toutes les conventions du genre. Il dessert ainsi des blasts, de lourds mid-tempos, des guitares et basse excessivement grasses et une voix porcines à vous rappeler un siphon. La qualité d’enregistrement n’arrangeant rien, la formation fait un pied de nez magistral à tous les amateurs de Métal mainstream ou tout simplement bien produit. Le point culminant de ce combat sans merci contre le bon goût est mené par la section clavier qui régulièrement vous balance des plans proches d’un 8 bit, dignes de votre vielle console. D’ailleurs, soyons francs, la seule chose que l’on apprécie vraiment chez ICT c’est son caractère désinvolte. Outre la musique, prenez par exemple la pochette ridicule ou les photos promotionnelles où les membres sourient ironiquement, comme s’ils vous disaient « mange de ce vomi musical qu’on t’impose »... bref de quoi faire monter au créneau le consumériste primaire de Cd. Quoiqu’il, en soit, à l’instar d’une bonne série B, cet album est indéniablement très sympathique. Certes, il ne révolutionne à aucun moment le genre et ne marquera aucune trace dans l’histoire de la musique, mais à plusieurs reprises ses claviers barrés viennent vous surprendre et vous interpellent par leur côté entraînant. Pire encore, on admet, à contrecoeur, que certains riffs ne sont pas mauvais du tout. En fin de compte, la demi-heure se passe plutôt vite et bien, même si une fois l’album achevé nous n’avons pas forcement envie le réécouter et que notre fébrilité nous incite à nous complaire dans un silence salvateur.

En conclusion, INFECTIOUS CATHETER THERAPY offre un album distrayant et plutôt bon compte tenu du style pratiqué. Evidement, en jouant un style aussi caricatural le revers la médaille n’est pas moindre, ce « Incredible Stories from Daily Human’s Life » paraîtra hermétique à tous ceux qui ne connaissent pas le genre où qui ne savent apprécier le Grindcore que lorsqu’il est sérieux et technique.