CHRONIQUES ALBUMS

On connait peu ou pas Symbolic, et pourtant, il s’avère que ce groupe allemand est une valeur sûre pour les années à venir. Deux albums auto produits et rien de concret pour ce quatuor talentueux qui fait dans l’originalité. Et cette troisième oeuvre, « Scarvest », signé chez Twilight-Vertrieb, est enfin l’album de la révélation, et, sans doute, de la maturité. La pochette est d’ailleurs plutôt bien pensée et en adéquation avec le nom de cette galette : un homme dans un champ fauche non seulement le blé mais aussi sa tête, d’où « scar » et « harvest » (cicatrice et récolte…)….et il faut avouer que tout cela est bien représentatif de la musique…

Officiant dans un death mélodique très moderne, Symbolic fauche tout ce qui est sur son passage. Les titres sont ultra techniques sans tomber dans la démonstration ni la « branlette » de manches comme on peut en entendre pour certains combos. Cependant, on se retrouve avec une base death mélo traditionnelle retouchée justement par ces effets modernes, parfois core, tant au niveau des riffs accrocheurs que des ambiances et du chant tantôt growlé, tantôt hurlé, ainsi que du rythme syncopé de temps à autre. De plus, les morceaux sont assez longs et empreints de relents progs, tant les structures ont tendances à changer ainsi que les jeux de guitares impressionnants. Allant d’un ensemble hargneux à quelque chose de plus mélodique en passant vers quelque chose de plus aérien, ou au contraire, plus lourd, chaque piste est délicieuse et dotée d’une identité qui lui est propre. Et Symbolic aime jouer sur ces facettes.

Là où on ne s’y attend pas, Symbolic ose : les allemands s’amusent à nous préparer des surprises, à se laisser envahir par leur talent en matière de compositions, par la folie créatrice et par l’envie de nous en mettre plein les oreilles. L’interlude « MySery » commence bien avec ses bruits d’orage et ses suaves notes à la guitare mais finit avec des claviers à la limite du grandiloquent pour un résultat symphonique des plus éblouissant, en plus de chœurs, de sons de cloche et d’un solo magnifique. Quant au morceau « 7H8P7P5H7 », après un assemblage de riffs très efficaces, maîtrisés et techniques, il se termine d’une façon des plus inattendues. Expérimental à souhait, l’ensemble part dans tous les sens après plus d’une minute de silence…guitares hypnotiques, voix bizarres, éléments électroniques, batterie et sons limite techno…on croirait entendre une musique de très anciens jeux vidéo, et ça nous rappelle des souvenirs…

« Scarvest » est donc pour le moins très efficace et grandiose, bien pensé et maitrisé par un groupe génial en devenir. A suivre de très près…