CHRONIQUES ALBUMS

In tha Umbra, est un groupe portugais qui peut se targuer d'une certaine expérience. Créé dans les années 90, ils ont déjà sorti 4 albums dont le dernier, le très bon «Thus Open Thine Eerie Wings Like an Eagle and Soar the Winds of Chaos» en 2008. Leur style peut être défini comme du black/death progressif mais les inspirations sont nombreuses lorgnant vers des styles aussi diverses que le doom, le heavy et l'acoustique... La qualité des compos du groupe sont évidentes et reconnues et il est fortement envisageable de penser que la carrière du groupe aurait pu prendre un aspect bien plus important s'ils avaient été originaire de Suède ou d'Allemagne, plutôt que du fin fond du Portugal. Cet Ep «Noire» sort pour commémorer les 15 ans du groupe.

Bien, commençons dès à présent par les points faibles, puisqu'ils ne sont pas légions.
En vérité, il ne tiennent qu'à une seule donnée totalement objective : la durée... 22 minutes pour 4 morceaux. Enfin, 3 «vrais» morceaux puisque le dernier n'est qu'une petite outro joué au clavier, assez inintéressante soit-dit-en-passant. Sachant que sur les 3 morceaux, l'un est un réenregistrement d'un «vieux» morceau sorti en 2000 (certes introuvable maintenant), on a à peine plus d'un quart d'heure d'inédit, la question étant de savoir si la production de cet Ep s'imposait.

Mais musicalement, il sera délicat d'émettre des critiques sur le peu qu'il y a car c'est clairement excellent. Les morceaux sont cohérents, inspirés, harmonieux et surtout possèdent leur identité propre.
Le premier «Intangivel» surprend par son chant en portugais tantôt clair, tantôt hurlé qui peut dérouter, mais une fois que l'on s'y est fait nous apparaît clairement la richesse de ce morceau avec ses passages heavy, ses solis tout en cohérence et en simplicité, ses claviers qui viennent apporter sans prendre toute la place, notamment le passage d'orgue Hammond.
Le second «Shadow, Caressing Shadow» (le morceau ré-enregistré) permet de mettre en lumière l'évolution du groupe, car il s'agit d'un morceau purement black-death entièrement en voix hurlé avec un riff vraiment dominant (et très bon cela-dit). Même si percent parfois des passages moins conventionnels qui annoncent déjà l'évolution et le potentiel du groupe.
Enfin, ce qui est pour moi le meilleur titre de l'album: «The Weight of Fire shall harvest the Wine of Twilight». Le début acoustique puis la montée en puissance growlée fait penser à du Opeth. Avant d'arriver à une alternance de diverses passages : des traits déments et torturés, des passages acoustiques et ambiants très calmes, des riffs heavy/hard-rock. Notons l'apparition d'une voix féminine, qui apporte encore à l'originalité de ce morceau.

Je n'en dis pas plus, il faut prendre son temps pour écouter. Cet Ep vaut le détour, malgré sa longueur et permet de découvrir un groupe qui vaut largement la peine d'être connu, au moins pour les nouveaux morceaux. Si le prochain album est constitué de morceau de cet acabit, j'achète les yeux fermés. Fans de metal extrême non sectaire, fans de musique inspirée et ouverte, jetez-vous sur In Tha Umbra.