CANAAN Contro.Luce [ 2011 ] |
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CD Durée : 83.42 Style : Gothic /Dark Ambient |
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Chronique : 17 janvier 2011 , réalisée par Bodomania | ||||
Quel point commun y a-t-il entre un groupe de Rock chrétien, un MMORPG et un album de gothic/dark ambient? La réponse se nomme CANAAN. La bande italienne qui nous intéresse aujourd'hui, nous invite donc à découvrir leur sixième opus intitulé "Contro.Luce". Fondé en 1995 par les membres du défunt RAS ALGETHI, leur répertoire musical a évolué au fil du temps et une fois de plus, la surprise est au rendez-vous. "Le beau est toujours bizarre", voilà une citation qui conviendrait parfaitement au style du combo. Construit autour de vingt et une pistes, formé de mélopées aériennes, de séquences industrielles, le tout dans leur langue maternelle, le résultat est étrange, désespéré, surprenant. Que les plus frileux s'éloignent! En faisant cohabiter des sentiments contradictoires, opposant un semblant de quiétude et d'espérance à l'angoisse ou la mélancolie, nous retrouvons, tour à tour, différentes facettes dans ce disque. Dès les premières notes, nous voilà propulsés dans une autre dimension, un voyage dépaysant dont l'étiquette "gothic/ dark ambient" ne suffirait pas à le décrire. Même si la construction semble être la même tout au long de l'album, ce fonctionnement propose pourtant des titres et interludes clairement dissociables. Les pistes défilent sans logique, passant d'un univers à un autre, brisant les barrières avec des cassures de style. Une musique expérimentale qui ne s'apprivoise certainement pas à la première écoute. Ni au premier titre... "Calma". Voici justement le nom de la première ballade aux accents italiens, entraînée par des nappes de clavier et la voix nonchalante de Mauro, mises au premier plan. Dans un tout autre registre, c’est un intermède instrumental minimaliste dans un style "drone", qui servira de transition. Une atmosphère inquiétante qui disparait dès l'arrivée d’"Onore". Un clavier "ambient", mêlé à une rythmique très lente et une déclamation monotone. Cette piste mélancolique qui utilise l'orgue et quelques notes electro au passage, nous conduit ensuite vers un autre territoire, celui de la musique ethnique. L'intermède n°2 résonne et nous envoûte par ses sonorités orientales et ses rythmiques tribales. Assisté par quelques instruments traditionnels, l'atmosphère à la fois chaude et colorée, emplie de senteurs, n'en demeure pas moins intrigante. Après une introduction céleste, le ton s'assombrit également sur "Noia". Quelques lignes de guitare saturées et des chœurs mystiques s'élèvent, intensifiant cette progression atmosphérique. Mais ne changeons pas les bonnes habitudes, voici venu le temps du prochain intermède… Une rythmique tribale, un bourdonnement incessant, une voix fluette apaisante, une seconde voix enivrante, plus lointaine encore. Dans un esprit shamanique, malgré ce sentiment de malaise qu'il installe, cette boucle s'avère curieusement assez plaisante. "Terrore" retentit ensuite. Une voix altérée, ravagée, guide cette progression funeste, en alternant des parties plus lentes et graves, propres au doom, à des séquences légères et rapides, notamment durant le refrain, pendant lequel la voix et les mélodies s'adoucissent. La dualité est encore très présente. Les sifflements et sonorités mécaniques du morceau suivant nous ramènent à bord du vaisseau. Difficile d'y rester longtemps tant l'atmosphère est étouffante, mais nous voilà déjà reparti en direction de la prochaine étape, "Ragione". Plus posée et intense que les précédents morceaux. Due en grande partie à ses sections symphoniques, à son chant aérien, à ses samples, à son solo de guitare cosmique ou encore à sa flûte, et oui! Cette ballade s’avère aussi émotionnelle que le prochain intermède… Un retour vers l'Orient, de par sa rythmique et son acoustique, mais une touche industrielle également, de part ses sonorités. Nous en sommes seulement à mi-parcours, et beaucoup d'éléments restent encore à explorer. Alors, essayons de résumer la suite des événements : Un fond atmosphérique et martial sur "Oblio", une invitation à la méditation tibétaine amenée par la flûte de "Lascivia", une partie instrumentale folklorique nommée "Umiltà", quelques notes de piano happées par les grincements inquiétants de "Concupiscenza" et enfin, un appel chamanique sur "Esitazione". Sans oublier, les quelques intermèdes qui nous promettent un mélange de sonorités, une voix lancinante, accablée, des mélodies parfois planantes, toujours nostalgiques. De nombreux titres, une émotion aussi présente que détachée, une musicalité minimaliste, des transitions souvent incompréhensibles, des instants de flottement puis d'intensité... Difficile de décrire un tel album, difficile d'en comprendre le sens à la première écoute. Même après plusieurs écoutes, d'ailleurs. Difficile de pénétrer un univers à la fois si ouvert et tellement personnel. C'est tout à fait le genre d'œuvre qu’on apprécie réellement qu'à travers sa propre sensibilité, en choisissant de lui donner le sens qu'on veut. On aime ou on n’aime pas CANAAN, mais on ne peut leur enlever cette aura mystique, cette recherche du son, des ambiances, qui rendent leur musique noire et lumineuse, variée et envoûtante. "Contro.Luce" est finalement une sorte d'ovni qui prêche la (sombre) parole, sans pour autant l'imposer. La messe est dite! |
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