DARKWATER Where stories end [ 2010 ] |
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CD Durée : 57.43 Style : Metal heavy |
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Chronique : 11 janvier 2011 , réalisée par Oceancloud | ||||
"Prog par ci, prog par là". Aujourd'hui, tout est progressif. Ou plutôt "prog". Regardez bien, on retrouve ce terme dans environ 93,65% des chroniques modernes (sondage INSEE). Dès que les morceaux dépassent six minutes ou qu'on entend distinctement un clavier, c'est prog. J'avoue être moi même souvent tombé dans ce travers (promis je le referai plus). Et donc aujourd'hui, tout devient prog: le heavy, le black, le death, le tricot (parce que ça demande de la technique), les échecs (parce que c'est complexe), Charlie Oleg (parce qu'il y a du clavier), même les vieux sont prog (parce qu'on comprend pas toujours ce qu'ils disent). Et une fois l'étiquette apposée, impossible de s'en défaire. Pour étayer cette introduction nullissime aux exemples affligeants, prenons l'exemple de Darkwater, groupe suédois, définit comme "metal prog"(oui, comme Dream Theater). Leur premier effort discographique présentait des compositions relativement longues (une seule ne dépassait pas les 8 minutes), passablement techniques et alambiquées, regroupant moult éléments classiques du genre. Un premier essai savoureux et reconnu comme tel par les médias et le public. Un vrai bon album "heavy prog" d'appellation contrôlée qui présageait d'un joli successeur. "Where stories end" est le nom de ce dernier né, et n'a, de mon avis personnel, que peu de gènes communs avec son grand frérot. Darkwater n'a certes pas vendu son âme à quelque démon d'une pop mainstream dégoulinante mais présente cette année un aspect bien plus lisse et propre qu'auparavant (je ne sais pas pourquoi, mais rien que leurs photos m'inspire l'immaculée propreté du carrelage des pubs Mr Propre – après le coup d'éponge). Tout d'abord, les suédois ont considérablement condensé leur matière, ne misant désormais que sur des formats moyen, dont un seul titre dépasse cette fois la barre des 7 minutes. Ce n'est pas une preuve me direz vous, mais les structures s'en trouvent tout de même plus épurée, mais enclines à la métamorphose. On retrouve toujours au moins un break instrumental par morceau, relativement technique et mélodique pendant lesquels guitare et clavier se disputent la vedette. D'ailleurs, de mélodies ce disque ne manque pas, bien souvent dirigées par le clavier, les grattes ne remplissant souvent qu'un rôle de remplissage sonore de par des riffs sans grand génie mais carrés et puissants. En parlant un peu technique, notons que Darkwater malgré un niveau visiblement pointu ne verse jamais dans la démonstration et aurait même tendance à se brider, pour ne pas choquer peut être? Rien que le batteur fait trop sage! A peine quelques contretemps et puis s'en retourne à des rythmiques appliquées mais convenues... Pour le moment donc, peu d'indices progressif pour me sustenter. Et ce ne sont pas les refrains ultra catchy à chanter sous la douche qui me contrediront. "The blink of the eye", "Breath", "Queen of the night" sont des morceaux d'une redoutable efficacité radiophonique, dont les refrains sucrés s'incrustent sans délai dans notre metallo-cortex, un peu à la façon du Fates Warning des 90's. Ajoutons à cela la voix suave et profonde du guitariste-chanteur Henri Bath (sosie joufflu de Colin Farrel) et des compositions taillées pour appâter l'auditeur et vous aurez une idée de la façon dont ce « Where stories end » sonne. Une jolie machine à tubes avec ce qu'il faut de maitrise technique et d'ambiance. Oui, d'ambiance car si une chose subsiste dans le son de Darkwater, c'est bien cette tendance un peu sombre de leur musique. Néanmoins, personne ne me retirera de l'idée que ce disque n'est pas le fruit d'une créativité débridée mais bien de savants calculs destinés à séduire les masses de chevelus (voir non chevelus), donc Darkwater n'est plus « prog ». Tout au plus « Heavy mélodique » ou « Metal mélodique ». Mais pas « prog », pitié! La digestion de ce nouvel opus ne posera aucun souci à quiconque y goutera, le trouvant au passage fort goûtu, avec un délicieux arrière goût de reviens-y. On y croit jusqu'au bout, de tenir là un des opus majeurs de 2010... et fichtre que les autres écoutes n'en deviennent que plus frustrantes, dès lors que la supercherie nous apparait. Pas moyen de discuter le savoir faire et l'aptitude de nos lascars à composer des morceaux accrocheurs, mais l'immédiateté et le manque de profondeur du propos me fait m'interroger sur la capacité de Darkwater à conserver sa personnalité malgré son évidente soif de reconnaissance – ce qui reste une quête louable malgré tout, à condition de ne pas vendre son âme. Conclusion: bon album mais trop immédiat pour être honnête. |
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