CHRONIQUES ALBUMS

Jesu est l’un des multiples projets musicaux d’un homme au talent légendaire, qu’il n’est plus nécessaire de présenter : Justin K. Broadrick (ex-Napalm Death, Final, feu-Godflesh, Ice, Techno Animal, Fall of Because…). Auteur et unique interprète l’an dernier, avec Jesu, d’un mini-cd intitulé « Heart Ache », ayant reçu un accueil, à juste titre, honorable et honoré, Justin revient cette année avec cet album, de soixante-quinze minutes reparties en huit longs titres, sobrement intitulé « Jesu », avec, cette fois-ci, une configuration de groupe (accompagné de trois musiciens), tout en conservant malgré tout, les casquettes d’auteur/producteur, et assumant lui-même une bonne partie de la musique, ainsi que la totalité du chant.

L’album suit le principe du mini-cd, mais en magnifie le caractère. On retrouve la basse prédominante, lourde, grasse, parfois saturée, s’occupant de la majorité des mélodies, la guitare discrète, bourrée d’effet par moment (sans jamais qu’il n’y en ait de trop) plantant le décor et développant les ambiances, des nappes électro rappelant la scène rock indé islandaise (pour les connaisseurs : Mùm, Mugison… mais avec la touche personnelle Broadrick) ajoutant à merveille de l’ampleur à ce tableau musical et, une voix aux émotions à fleur de peau, jamais au-dessus, en retrait souvent même (il ne s’agit pas de vocaux classiques, il s’agit là d’un autre instrument à part entière) : Jesu, ce n’est pas de la chanson, c’est de la Musique.

La construction musicale est une merveille : les riffs ne sont pas des riffs, comme on l’entend originellement, mais, plutôt des ambiances successives, imbriquées les unes dans les autres, tels les divers aléas rencontrés sur la route d’un long voyage intérieur, à en donner des frissons de bonheur. Et ses « voyages » sont multiples, tantôt aux accents indus (Godflesh oblige !), tantôt aux côtés rock 80’s, parfois aux riffs répétés à l’infini (mais pas répétitif) envoûtant l’auditeur, ou encore aux ambiances lourdes et lentes… « Jesu » offre à celui qui tend l’oreille, une musique grandiose et variée…

La production, quant à elle, est irréprochable, rien à redire. Un son parfait, des arrangements parfaits… On peut dire que Justin Broadrick maîtrise cet aspect musical à la perfection ! un travail magnifique, extraordinaire, la simplicité efficace (et pourtant très recherchée)… En dire plus ne sert à rien. Il faut l’écouter (le vivre ?) absolument.
L’essai du mini-cd « Heart Ache » est transformé avec brio par ce « Jesu » ! Pour les seuls amateurs de bourrin ne connaissant Justin Broadrick que pour Napalm Death : non ; pour les amateurs de grande musique : oui, assurément !