CHRONIQUES ALBUMS

« Necro Spirituals » le quatrième album des black-métalleux Danois HORNED ALMIGHTY nous interpelle d’abord par son titre un peu cynique sur les bords, vous ne trouvez pas ?
Le successeur de « Contaminating The Divine » de 2009 nous montre une formation en peine possession de ses moyens avec une horde maléfique et prolifique qui s’est bien agrandie depuis le duo d’origine en 2002 qui avait lancé le projet. Huit ans après donc, et avec beaucoup d’enregistrements à son actif, HORNED ALMIGHTY semble vouloir occuper une place de choix dans un métal extrême particulier fait de noirceur black et de dérives crust/punk, une place que se situerai pour ma part entre DARKTHRONE et IMPALED NAZARENE tout simplement.

Attachez vos ceintures, décollage immédiat pour 35 minutes de black métal bizarre pour beaucoup d’entre vous, mais bien jouissif et même rock’ n roll pour d’autres, black n’ roll en fait, ne nous voilons pas la face ni les oreilles. Ici les compositions sont froides et malsaines, souvent rapides, plutôt « groovy » avec un black primaire et forcément old-school dans sa nature propre. Ou sale et puant comme ces parties de doom marécageux, lourdes et crasseuses aussi, avec des riffs décapants comme le tranchant d’un rasoir rouillé, attribués au punk et au sludge.
Contraste donc entre rapidité thrash, rythmiques assez binaires et métal de la mort insufflé par la voix gutturale plutôt death de gargouille, mais agressive du chanteur. Les guitares suintent l’acidité corrosive, les lignes de basse maintiennent le climat étouffant, la batterie s’envole et booste le tout infatigable et précise. Bien sûr, au fil de l’écoute on ne peu s’empêcher de penser à du vieux VENOM sous amphétamines et à du CELTIC FROST fermenté et millésimé qui mélangeait noirceur glauque, rock amplifié, thrash arraché, mais aussi punk de caniveau.

Alors, si HORNED ALMIGHTY ne révolutionne rien dans le métal extrême, il continue avec ce « Necro Spirituals » de nous envoyer sa bouillie caillouteuse dans les conduits auditifs de bonne façon et l’on se laisse tenter par plusieurs écoutes, on apprécie cette bestialité ironique sans chercher midi à quatorze heures, pour quoi pas. Oui pourquoi ne pas adhérer à leur démarche sans prétention, au plaisir fugitif et animal d’une audition où rien n’est trop recherché, mais qui se révèle assez bon pour satisfaire nos instincts primaires et mal dégrossis.