CHRONIQUES ALBUMS

Le drone…un sous genre encore bien méconnu et très souvent boudé par les amateurs de métal mais aussi de doom…ce style de musique assez minimaliste et plutôt inaccessible peine à prendre les devants, malgré le fait qu’il se distingue de n’importe quel type de metal… mélange de musique bruitiste et de musique d’ambiance, le drone, à l’instar de groupes tels que Sunn O))), Boris, ou Earth, c’est un bourdonnement continu au fur et à mesure des écoutes…une sorte de bruit sourd et étrange, parfois comme un écho ou un son qui ne pourrait s’échapper de votre tête…un son entêtant, chaotique, dont on peine à reconnaître son origine…
Mhönos nous ouvre les voies d’un drone vraiment sombre et noir, mais doté de quelques touches de mélodies…une basse soumise à distorsion en fil conducteur, un clavier omniprésent en ambiance, aucun rythme, aucune batterie et aucune guitare…le trou noir, le néant, la perte de toute sa force et l’atteinte des méandres qu’on aurait jamais cru pouvoir atteindre…un effet d’écrasement, assourdissant…cette sensation de ne rien ressentir…voir sans vraiment voir…respirer sans en avoir l’air…entendre sans vraiment savoir si ce que nous écoutons est audible ou si ce n’est qu’un effet, un effet des plus surprenants qui plus est…

Des titres longs…très longs…ou se mêlent habilement la décontenance et parfois l’horreur et l’ésotérisme… parfois un chant, sortant de l’ombre d’une crypte, comme un ultime appel… effrayant, frappant, torturé, mécanique…quelques notes de claviers, comme un effet de clarté ou de beauté au sein de cet effroi et ce cette ambiance cauchemardesque…

Ténébreux et lumineux, laid et beau, écrasant et planant, mélodieux et bourdonnant à la fois, « Miserere Nostri » est un réel voyage en eaux troubles, là où tout n’est qu’effets, sons, délires…impalpabilité, insonorité, possession, décharnement…mais aussi espoir…

Étonnamment beau et terriblement envoutant, le drone de Mhonos se veut parfois ethnique et possessif au niveau des chants comme sur le titre ‘Communio’…mais malgré tout, ce qui domine est ce vide sidéral…cette impression de tomber de plus en plus bas, de ne plus pouvoir revenir de ce voyage sans fin…de partir aux confins d’un monde oublié, damné, presque hanté…

« Miserere Nostri »…notre misère…notre descente dans des abysses sombres et terrifiques…