CHRONIQUES ALBUMS

Le temps…le pire ennemi de l’homme…il passe, encore et encore, personne ne peut l’arrêter…parfois il semble se ralentir, d’autre fois s’accélérer…source de mélancolie et de désespoir, il est indétrônable, incontrôlable, et principal responsable de toutes les déchéances possibles, et du chaos…

Arranged Chaos, jeune combo allemand, semble reprendre ce thème si délicat et terrible dans leur tout premier album nommé « As Time Goes By… », après avoir sorti une démo en 2008, un an après leur formation. Ici, on ne rigole pas. Tout est sombre et mélancolique, plus agressif que mélodique, rageur, rentre dedans, et terriblement efficace. Pas de répit, pas de cadeau, pas de douceur au sein de leur deathcore. Signé chez Apollon Records comme leurs confrères allemands d’Angels and Enemies, Arranged Chaos semble tirer ses sources des groupes les plus lourds de deathcore à la Carnifex ou de death tout simplement tel que Gojira. C’est technique mais oppressant, dynamique et écrasant, simple mais efficace. Le chant oscille entre growl bien caverneux proche du death brutal et du chant grind (« Rigor Mortis »), et cris furieux, tantôt proches du métalcore mais aussi…du black (« Denying Anger »). Les grattes, avec aucunes fausses notes, nous sortent des riffs terriblement incisifs accompagnés d’une batterie endiablée, martellements continus, réel rouleau compresseur…

C’est brutal en effet, certains feront sans doute une moue dubitatif, d’autres esquisseront un sourire, et d’autres feront une grimace de dégoût. Mais l’avantage avec Arranged Chaos, c’est qu’il y en a pour tous les goûts, comme vous l’aurez remarqué avec les types de chant. Malgré l’apparente agressivité régnant en maître à l’intérieur même de cette galette, tout n’est pas dénué de mélodies et d’harmonies, et heureusement ! Sinon tout serait on ne peut plus fade et ce deathcore ce serait vite transformé en death brutal, tout simplement.

Il ne faut pas oublier que le thème principal est celui du temps…le temps est lent et impalpable et par conséquent, on retrouvera quelques morceaux plus calmes, plus sereins, où ce manque de brutalité peut surprendre par rapport à ce qu’on a l’habitude d’entendre. L’intro par exemple, aux claviers et au piano, est très mélancolique et rappelle que personne n’est épargné par le temps. L’interlude et son bruit de réveil ne peut que nous évoquer notre inexorable avancée dans l’album. « Silent Moments », totalement à la gratte, est très harmonieux et vraiment…hum…apaisant.
« The Final Cut » est sans doute le morceau le plus intéressant puisqu’il se situe vraiment à cheval entre mélodie et agressivité. Les passages s’alternent, ainsi que les ambiances…chaque instrument est vraiment mis en avant, chacun peut jouer sa partie, comme la basse, qu’on peut entendre toute seule…quelques lignes de clavier ressortent, accentuant ce côté mélancolique, déjà bien mis en avant par les lignes de guitares…à noter aussi l’apparition d’un chant clair à un certain moment…étonnant non ?

Un très bon album de qualité, brute, sombre, et triste que je recommande vivement. Ne vous sentez pas rebutés par tous les points que j’ai pu évoquer précédemment, tout est appréhendé d’une excellente manière et on passe vraiment un très bon moment.