CHRONIQUES ALBUMS

Vous ne connaissez pas encore PIN-UP WENT DOWN? Ah bon? Remarquez, il suffit d'écouter la musique de ces derniers pour se rendre compte que tout est possible! L'innovation existe encore et le groupe français nous le prouve à nouveau, avec la sortie de ce deuxième album. Parce que la liberté passe aussi par la musique...

Créé il y a 3 ans de cela, le duo nous avait déjà surpris en 2008, avec l'apparition de cet ovni
musical intitulé "2 Unlimited". Un mélange des genres déroutant et délicieusement décalé,
démontrant l'inspiration démesurée d'Alexis DAMIEN (ex-WORMFOOD, ex-CARNIVAL IN COAL) et d'Asphodel (PENUMBRA, HOWDY EFFECT, ex-NOWONMAI).
Cette année, ils nous reviennent avec "342". Une nouvelle sortie très attendue qui célèbre
également l'arrivée de Nicolas DAMIEN, le frère d'Alexis.
"Three Fo(u)r Two"... Car PIN-UP WENT DOWN, c'est d'abord une grande famille!
Alors, dans un univers aussi riche et fantasque, que peut bien nous réserver le trio?

D'une manière générale, si vous pensiez retrouver le second volet de "2 Unlimited", détrompez-vous! Tout ce qui fait la singularité du groupe est évidemment présent sur "342", mais la force du trio réside aussi dans le fait d'avoir réussi à se renouveler dans un style déjà si original et quasi-inclassable. Cet album contient donc autant de surprises que son prédécesseur, mais nous entraîne aussi dans des lieux jamais visités auparavant.
Les titres se suivent et ne se ressemblent pas...
Le dépaysement débute avec "Diapositive". Une atmosphère feutrée et une voix jazzy venue d'un autre temps, puis une montée lyrique explosive menée par une Asphodel décidément étonnante de maîtrise, laisseront place à un duo vocal avec Alexis, sur des riffs "groovy" et "metalliques" avec des changements de rythme et d'ambiance improbables.
Inutile de vous dire que cette première composition sonne le départ d'un voyage qui promet d'être encore très surprenant. À l'image de cette sublime piste qu'est "Escargot" d'ailleurs. Une berceuse reposant essentiellement sur la voix sublime d'Asphodel (ici proche d'Alanis Morissette ou de Dolores O'Riordan), avec pour seule bande sonore une ligne téléphonique éternellement "occupée".
Lorsque "Porcelain Hours" nous assène un coup de Rock énergique et entraînant où s'entremêlent "Metal" et "Raggamuffin", voix claire et growl profond, "Essence of I" nous fait passer par une ambiance exotique, tribale, agressive et enfin planante au cours du même morceau. Qui a dit que trop de fusion tuait la fusion? En tout cas, ce n'est pas le cas ici, car malgré un enchaînement des titres assez inattendu, chaque morceau reste cohérent, sans doute grâce aux arrangements et à la parfaite complémentarité du trio.
Cette complexité se retrouve également sur "Khabod of My Aba" qui débute par une sorte de chant grégorien puissant accompagné d'orgue, pour aller côtoyer une ambiance plus lourde et énigmatique. Des riffs décalés, une double pédale par ici, un growl et une voix enfantine par là...
Quelques notes délicates au piano guidées par Nicolas s'en suivront, portées par une voix à la fois pure et hypnotisante sur "Home".
Mais pas d'inquiétude à avoir, le grain de folie propre à PUWD ne s'est pas envolé, la preuve en est avec "Vaginaal Nathrak". Un titre déjà bien prometteur en terme de décalage, mais dont le contenu est aussi barré, burlesque et riche en émotions. Notons la participation d'Andy Schmidt (chanteur de DISILLUSION), qui contribuera à la réussite de cette joyeuse et furieuse "thérapie auditive".
"Pictures to Speak To" change encore de registre et d'humeur. Nostalgique, fantomatique, avec entre autres, du chant grind, une large palette de voix féminines, des riffs inquiétants, une progression saccadée et romantique. Oui c'est possible! Et cette description assez brève n'est qu'un avant-goût de ce qui vous attend...
"Murphy in the Sky with Daemons" est quant à lui plus dramatique. Guidé par des notes
sombres, une voix tragique et un tempo lent. Cette ambiance grave disparaîtra avec la basse
chaude et claquante de "Paralogical Sarabanda". Un titre "Metal progressif" peut-être plus
classique mais qui s'avère aussi très aérien.

Plus lointaine encore, l'introduction saturée du dernier titre nommé "Aquarium". Celle qui nous attire vers des profondeurs troubles, avec une musique éthérée chargée d'émotions, nous laissera songeur à la fin du voyage.

Que pouvons-nous retenir de ce deuxième album? Un travail de création et d'harmonie
remarquable, une maîtrise, une diversité musicale et vocale impressionnante.
Un deuxième vent de fraîcheur vient de faire son entrée et démontre une fois de plus que le
talent du multi-instrumentaliste Alexis DAMIEN, véritable maître d'œuvre, d'Asphodel, chanteuse aux multiples facettes vocales, et enfin du pianiste Nicolas DAMIEN, qui par son implication aussi importante, prouve que PUWD est encore plus fort à trois!
"342" est loin d'être facile d'accès au premier abord, tant le ton est changeant et décalé. C'est clairement le genre d'album qui s'apprivoise petit à petit, dont on apprécie toutes les subtilités au fil des écoutes. Mais c'est finalement ce qui le rend encore plus intéressant et ingénieux.. Un album à découvrir d'urgence!