CHRONIQUES ALBUMS

Les terres mystiques de Norvège n'ont pas terminés de nous apporter ses bienfaits (où méfaits selon les goûts de chacun). Cette fois ci, FORTID a émergé d'un Fjord gelée en 2002, et en est déjà à son troisième album. Voici donc « Voluspa Part III: Fall Of The Ages », troisième et dernier opus de la trilogie « Voluspa » (nom donné à un ensemble de prophétie annoncé par une voyante dans la mythologie nordique). Signé sur le label Allemand Schwarzdorn Productions le groupe fait son chemin au sein d'une scène black metal déjà énormément saturé.

L'artwork de cet album est particulièrement réussit, représentant un arbre mort au milieu d'un ancien champs de bataille, encore jonché de squelettes. Les couleurs sont très sombres tout en restant vive, et le travail des ombres est remarquablement précis. Bref, l'artiste a admirablement travaillé sur cette pochette et cela donne vraiment envie d'ouvrir le boitier de d'aller voir de plus près ce que ce « Fall Of The Ages » a à nous raconter.

L'imagerie et la mythologie pagan est également un grand classique et il est actuellement réellement difficile de trouver quelquechose qui n'a pas déjà été fait. Si FORTID s'attache à une image pagan, voir viking, de par leur logo (Lance, Hache, Mjolnir, Serpents...) et les thèmes abordés dans les chansons. Musicalement le groupe explore de nombreux autres horizons que le folk où le pagan, voir même que le black metal. Alternant passages en grunt et passages en voix claires à la ENSLAVED où KATATONIA, la musique de FORTID ne s'est pas forgé d'une seule main. L'album est parcouru de mélodies très prenante et envoutantes, ce mélange de doom, d'ambiant et de black metal transporte facilement son auditeur vers un univers onirique, où se bousculent plusieurs émotions et paysages. L'empreinte pagan plane tel un fantôme sur les compositions mais n'est jamais seule, une dimension plus sombre, plus mélancolique, presque moderne, accompagne l'auditeur.

Plus on regarde la pochette de cet opus et plus on se laisse emporter, rare sont les artwork qui accompagnent autant un album, l'effet est saisissant. Que ce soit l'intro de « Ancient Halls » et ses bruits de vents et de crépitement et de corbeaux, le passage en pizzicato au début de « Ragnarök Army From The East », où les divers passages acoustiques (« New Dawn », « The Future »), tout ramène à cet arbre mort et ses couleurs si particulières. Je ne parle même pas des passages ambiants comme le magnifique passage au milieu de « Equilibrium Reclamed », quand aux passages plus brutaux, plus black metal au sens classique du terme (si tant est qu'il en existe un) ils ramène aussi bien aux squelettes désarticulés et aux armes rouillées qui jonchent le sol qu'aux flammes vives qui prennent vie au pied de l'arbre.

Bref, FORTID a réussit à sortir des clichés de la scène norvégienne pour nous offrir un album personnel et très empreint d'images et d'ambiances. Une grande réussite pour marquer la fin de cette trilogie. Espérons que le maitre à penser Eldur ne décide pas de s'arrêter là, trois albums, trois pièces de collections à écouter et réécouter. Un groupe à suivre de près.