CHRONIQUES ALBUMS

Bienvenu dans le froid d’Oslo pour découvrir (pour ma part) FORGERY, un combo encore assez méconnu dans nos contrées. Signés chez Candlelight Records (où sévissent pour les plus célèbres quelques Emperor, Obituary, Crowbar, 1349 ou encore Zyklon, de dociles chérubins comme vous pouvez le constater…), les bougres nous offrent pour leur second album « Harbouring Hate » un peu plus de 52 minutes d’un thrash moderne fondu savamment d’alliages metalliques provenant de Meshuggah, Machine Head, Fear Factory ou Arkaea pour une « référence » plus récente.

Vous l’aurez compris, on est ici face à une déferlante de riffs saccadés à souhait, de plans rythmiques déphasés entre deux cris rageurs, où la double pédale de Jan Halvorsen a fort à faire. Mention spéciale donc pour ce dernier qui abat un boulot assez impressionnant derrière son kit, entre mesures et contre-temps infaisables, effets de style dans le jeu de cymbales, et feeling déroutant. Le bassiste et les deux six-cordistes, dont l’un pousse la chansonnette en plus d’une voix agressive éraillée, s’appliquent à rendre une partition des plus propres, car la rythmique, sur laquelle se base l’essentiel du style des Norvégiens, est absolument impeccable. Grosse maîtrise technique donc, bien qu’on regrette une certaine redondance dans les compositions, qui suivent plus ou moins toujours les mêmes caractéristiques, surtout dans les riffs, qui se focalisent sur les fréquences graves et sèches, qui ont tendance au bout du compte à devenir un peu lassantes et manquant de variétés. Dommage car les quatre compères savent y faire ! On notera la structure complexe des compositions qui donne du corps au tout, en plus d’une certaine longueur non déplaisante aux morceaux. Et puis tout simplement, l’ensemble recèle de quelques excellents titres qui ponctuent l’album : "Equilibrium", le premier morceau qui introduit de brillante manière les 48 minutes restantes, "Harbouring Hate", "In Pain" qui clôt la marche, et surtout "Subdued Wrath" qui atteint les sommets sur ce disque.
Mais voilà, trop de répétitions, trop peu de variations rendent dans sa globalité ce « Harbouring Hate » un peu indigeste. Changer de tonalité ou l’accordage de la guitare aurait sans doute permis de rendre l’ensemble moins massif et plus subtil. Par contre niveau production, rien à redire, son absolument dévastateur, mixage réussi, et rendu impressionnant. La similitude avec le son de « Burn My Eyes » des maîtres californiens de Machine Head est inévitable, c’est dire la qualité sonore que nous offrent les Norvégiens !

Au final, de très bons titres sur cet album, mais noyés dans une masse plus lassante que médiocre. Atouts techniques et rythmiques trop creusés, au détriment de la mélodie qui se fait malheureusement cruellement désirer. Un style me direz-vous ? Oui un style, mais un style qui manque d’un petit quelque chose pour faire de « Harbouring Hate » un album excellent en tous points.