CHRONIQUES ALBUMS

Ahoora est un groupe de Rock & Metal Progressif qui s’est formé fin 2001 en république Islamique d’Iran. Dans un pays aussi contrôlé et fermé que celui-ci, jouer cette musique vous vaut d’être hors-la-loi ; saluons donc le courage de cette formation, qui n’a pas hésité à braver les « interdits locaux » pour nous proposer cet album de douze titres, rien que ça.

L’album commence sur un bonne surprise ; en effet les claviers donnent un certain air électro, puis l’entrée de la voix nous rappellera fortement Muse ! La première piste nous donne l’impression d’un metal assez atmosphérique, très ambiant.
Cette impression est très rapidement confirmée avec le titre suivant, mais l’apparition d’un nouveau constat ne se fait pas attendre : l’impression de légèreté qu’on pouvait « craindre » après le premier titre est rapidement balayée avec l’apparition de riffs plutôt pêchus pour notre plus grand bonheur. Des « samples vocaux » nous donnent ici une sorte d’impression de démence, d’irréalité.
Par la suite, un autre élément se fait remarquer : les nombreux breaks et utilisations de dissonances. Ce qui a pour effet d’amplifier le phénomène d’instabilité et de folie dont je parlais précédemment. Des passages jazzy et bluesy font également leur apparition, que ce soit à la guitare ou encore aux claviers, et c’est ma foi très inattendu ! On avance de surprise en surprise, et c’est tant mieux ! On ne s’ennuie nullement à l’écoute de ces morceaux, même si cette lourde ambiance est présente tout au long de l’album et pourrait donner au départ l’impression qu’on pourrait vite s’en lasser. L’influence « Muse » que je citais au départ persiste également tout au long des pistes mais nous n’avons tout de même pas le sentiment d’avoir une copie puisque le groupe a sa propre identité et utilise nombreux procédés que l’on ne retrouve pas au sein de la formation britannique !

Un gros effort de mise en avant des mélodies est fait, et la voix se veut être assez « meurtrie » ; susurrant parfois les paroles sur un rythme assez redondant, où les nappes de claviers font la loi. Remarquons tout de même le grand nombre de sons électroniques de claviers, qui ne dérangent absolument pas l’harmonie créée par les instruments et cette voix ma foi très juste et assez énigmatique !
Certains passages sont assez fantasques ; prenons pour ne citer que celui-ci le final de « A Perfect Day », qui se traduit par une valse qui n’avait strictement rien à faire ici, mais qui finalement constitue le point d’orgue de cette chanson, surtout de par le son inattendu qui la conclut de façon assez brute ! Je vous laisse le soin de découvrir cela de vous-même ! Cette piste résume assez bien l’état d’esprit de cet album ; on y retrouve les éléments cités précédemment, et en particulier toute la folie qui remplit ces morceaux et qui caractérise vraiment ce groupe assez atypique !
Il y a quelque chose qui se dégage de cet album ; un faux air de Muse qui aurait fricoté avec Porcupine Tree et qui se serait inspiré d’harmonies dont Riverside à le secret. Et la présence d’un saxophone, très inattendu, est ma foi du plus bel effet ! Tout cela nous donne une ambiance à part, et le fait est que c’est issu d’Iran, cela donne une autre dimension à cet album, que je juge définitivement très bon.
Très belle surprise en définitive ; voici un groupe à encourager et à promouvoir car malgré les difficultés dues à leur environnement politico-culturel, le résultat de leur travail est vraiment à la hauteur.
Bravo !
N.B. : « Crimson Baby » sera dédiée à des victimes des évènements survenus en Iran en Juin 2009…