CHRONIQUES ALBUMS

Voici un nom de groupe dont l’orthographe est à apprendre par cœur au cas où ils passeraient en concert ou que vous ayez besoin d’informations auprès d’un disquaire. Les finlandais de ORANSSI PAZUZU sortent un premier album qui répond au nom assez évocateur de « Muukalainen Puhuu » et que vous aurez sans doute un peu de mal à retenir. Pourtant, on peut voir un parallèle entre le choix sémantique utilisé par le combo et la musique qu’il a choisi d’exprimer. Je me suis donc muni de ce titre d’album pour essayer de trouver une traduction littérale que je vous livre ici, « L’étranger qui parle. » ORANSSI PAZUZU définit assez bien ce qu’il fait par cette expression. L’expérimentation et la recherche de nouveaux champs musicaux sont de mise à travers cet album.

L’album se compose de titres relativement longs pouvant dépasser les huit minutes. Les morceaux donnent l’impression de se construire en fonction d’une ligne principale, complétée au fur et à mesure par l’intervention des différents instruments. Ainsi, « Korppi » ouvre l’album d’une manière assez solennelle, pas du tout orienté metal mais entre ambient et gros rock, parfois proche d’un SONIC YOUTH en beaucoup plus sombre. « Danjon Nolla » contient déjà beaucoup plus d’éléments black metal rappelant DARKTHRONE et la vague dite de True Black Metal. Mais ce serait réducteur de les ranger dans cette case là. Le combo s’approprie ces aspects en les complétant de mélodies guitares dissonantes ce qui rend l’ensemble assez particulier, spécial. « Kangstaus 1968 » part dans une direction assez différente avec une ambiance à la limite du vieux jazz des années 30 et d’un CULT OF LUNA lorsque ceux-ci posent des ambiances plus psychédéliques. C’est d’ailleurs avec ce genre d’ambiance pesante et plutôt froide qu’évolue le morceau « Suuri Pää Taivaasta ». « Myöhempien aikojen pyhien teatterin rukoilijasirkka » contraste avec les ambiances posées pour revenir à quelque chose de plus orienté vers le black metal. «Le morceau éponyme « Muukalainen puhuu » est en fait un morceau instrumental qui se pose à nouveau du côté de l’ambient mais d’une manière beaucoup plus minimaliste cette fois.

ORANSSI PAZUZU n’est peut-être pas le genre de groupe à découvrir sans être averti. Le style peut s’avérer en effet assez difficile d’accès par sa noirceur et ses aspects dissonant. En réussissant le pari difficile de l’originalité, le combo finlandais risque d’évoluer dans une sphère à l’orée des mouvements principaux. Cela n’est certes pas un critère d’appréciation mais une dimension qui amènera l’auditeur dans un monde intime propre à l’exploration de ses côtés les plus sombres si toutefois l’envie lui en prend…