CHRONIQUES ALBUMS

Satan. Encore et toujours Satan. A croire que le Black Metal est uniquement obsédé par une entité aussi nourrie d'incohérences, de lieux communs, de croyances de bonne femme mêlées à une philosophie libertaire... Ce style musical serait à des lieues d'être devenu ce qu'il est à présent s'il n'avait pas été autant chargé de symbolisme dès l'aube de son heure. Ugulishi est ni plus ni moins un représentant de plus de la ligne dure de ce genre à part (quoi qu'on en dise) dans la grande famille metal. « Dark Illuminations », nouvelle sortie Ewiges Eis Records, nous présente la formation des quatre Finlandais qui produisent un Black Metal crade, brutal et haineux.

Ce n'est qu'à l'issue d'un nombre conséquent d'écoutes assidues que j'ai saisi la profonde importance que revêtait le son d'Ugulishi. Depuis la densité omniprésente dans le son de guitare au jusqu'au-boutisme hypnotique obtenu par des tournes répétitives, Ugulishi livre un album d'une épaisseur étouffante, uniquement rendue respirable par la longueur plutôt réduite de Dark Illuminations, nom que porte cet effort à merveille tant l'atmosphère est tendue de part en part, recluse sur elle-même et pourtant si cérémonieuse par instants.
Les assauts soniques épais dissimulent une mélodie enfouie sous le mix qu'on distingue après plusieurs écoutes. Cette démarche extrême n'est pas sans rappeler leurs compatriotes de Horna ou bien Sargeist... Le Black Metal est ici poisseux et sans pitié, d'une rythmique implacable et avec un sens mélodique parfois atonal. Non, Ugulishi ne joue rien de nouveau à l'ombre des Enfers et on pourrait même se demander si Dark Illuminations vaut vraiment sa note alors que des années de Black Metal ne marquent que peu la différence sur 90% de la scène scandinave... Or, loin de l'exercice de style sataniste puéril, l'atmosphère dégagée par « Dark Illuminations » réussit le pari de mélanger Black Metal cheap et old-school avec un Metal Noir au style plus mature. Les deux pistes que sont « Mustien siipien varjossa » et « Baptised In Destructive Light » en sont deux parfaits exemples pour leur capacité à lorgner sur des ambiances labellisées Arkhon Infaustus ou Deathspell Omega, de très bonnes références en somme.

« Dark Illuminations », comme je l'ai expliqué plus haut, mérite bien plus qu'une seule écoute pour qu'on en comprenne la teneur et c'est ce qui risque de lui porter préjudice. Les atmosphères développées par le trio Finlandais sont pourtant maniées avec talent en alternant blastbeats et mid-tempo, le tout mixé brutalement, sans concession aucune. Non, certes non, Ugulishi ne rentre pas dans la catégorie des groupes easy-listenings, déjà à cause de leur appartenance au genre du Black Metal, mais au-delà même car leurs compositions plus ampoulées qu'il n'y paraît ne laissent finalement pas de marbre après écoutes prolongées.