CHRONIQUES ALBUMS

Eismalsott n’est plus, vive GEЇST ! Voici le troisième et tout dernier album signé sur le label allemand Prophecy Prod./Lupus Lounge qui a, une fois de plus, flairé le bon coup. Pour les retardataires, rassurez-vous, le label vous donnera l’occasion prochainement de découvrir les deux premiers albums de GEЇST dans des versions ré mixées, ce qui est chose courante quand un label reprend un groupe en main. Concernant cet album, il a été façonné par six musiciens, chose assez rare dans le milieu underground black.

Pour les influences, il faudra chercher du coté de Lunar Aurora et des premiers Dornenreich, à savoir un black/dark sombre, pessimiste à souhait, avec de larges moments atmosphériques. Disons que la pochette (dont l’inspiration est à chercher très nettement vers l'excellent peintre William Turner) est exactement à l’image de l’album : un océan sombre, mouvementé avec une galère qui tente désespérément d’échapper aux tourbillons des enfers. Cette savante alchimie entre les passages agressifs, froids et des plages atmosphériques est le point fort du groupe. Le titre « Helike » est surement la meilleure compo, qui me fait légèrement pensé à du Enslaved dans sa construction assez progressive. Un départ très ambient, pour accélérer subtilement le tempo au fur et à mesure, et revenir parfois à du black/dark plombé.

Ici, rien de basique et « true », au contraire. C’est savamment construit, alambiqué, et riche (avec six membres le contraire fut étonnant) mais sans aller dans la complexité extrême ou la sophistication qui aurait pu faire passer ce groupe pour du « commercial » à la Cradle (commercial, tout est relatif, les puristes blackeux comprendront). Disons que c’est du black intelligent, accrocheur et…passionnant. Voilà un groupe dont on connait les sonorités et les accents de base, mais dont chaque note surprend, chaque agencement déroute. C’est en quelque sorte se servir du passé black pour en modeler sa propre personnalité. Peu de titres vu la longueur de ceux-ci (9 minutes en moyenne), mais vu le coté conceptuel et progressif de la chose, impossible de faire autrement. Le tout servit par une production impeccable.

Grosse surprise et superbe découverte qui devrait plaire aux fans black, mais aussi dark/atmo car tout se déroule sombrement sans trop heurter vos petits cœurs tout mous. Vous êtes embarqués dans une galère (au sens bâtiment à voile bien entendu !), et vous n’avez surtout pas envie d’en rechaper : un grand coup de maitre pour ce groupe qui laisse présager un bien bel avenir !