CHRONIQUES ALBUMS

C'est après deux années qu'Endstille, le groupe de Black Metal allemand le plus haineux de sa génération donne une suite au déjà très violent et guerrier « Endstilles Reich ». Deux ans après, que reste-t-il du quatuor impie avec « Verführer »?

Tout d'abord, indéniablement, si le Black Metal c'est la guerre, Endstille est l'escouade de première ligne. Le son du groupe est toujours aussi agressif, inexorablement tranchant et dévastateur. A l'inverse d'un groupe impressionnant par sa capacité à varier les sons et les plaisirs, Endstille impose le respect par sa sonorité glacée et monolithique. Monocorde mais pénétrante, la musique d'Endtille a toujours l'impact qu'elle avait par le passé et les cinquante minutes de l'album sont comparables à un long assaut sur une ville assiégée mais pas encore tombée, n'épargnant ni femme ni enfant. Haha.
Alors concrètement, le son conserve toujours ce qui a fait d'Endstille la machine de guerre qu'on connaît aujourd'hui: des guitares froides, une voix plus qu'arrachée semblable à un Gaahl bloqué dans son registre le plus aigu, une batterie sèche et métronomique... Non, « Vehrfürer » n'est pas là pour apaiser les moeurs, bien au contraire. Les Allemands rempilent donc avec force violence, sans réinventer ni le style global ni leur propre son et si c'est la seule chose qu'on peut leur reprocher, du reste l'album est très bon. Très bon grâce à la maîtrise du riff par Cruor et Lars Wachtfels, les vocaux « Black Metal As Fvck » d'Iblis, les changements de tempo chanson après chanson et mince, je suis obligé d'y revenir une fois de plus, ce son si glacial et oppressant... Le charme du genre dans son entier en atteste, c'est la force des groupes qui l'ont compris: le Black Metal est un genre froid et profondément haineux, et Endstille l'a fort bien compris.
« Verführer » n'est pas un album où vous entendrez cinquante-cinq riffs différents par chanson, ce n'est pas non plus un album qui vous fera sourire par ses mélodies, ce n'est même pas un album facile à écouter... mais le choix de poser cette galette sur le lecteur après une première écoute révèle l'amour qu'on porte pour le charme insidieux qu'exerce Endstille.
Un album que je ne saurai trop conseiller aux amateurs de Black Metal sombre, haineux et violent, et bien sûr, à ceux qui, pour paraphraser un film plutôt culte, n'ont pas peur des Allemands.