CHRONIQUES ALBUMS

Deux choses sont essentielles pour Grantig à propos de leur musique : l'originalité et les textes dans leur langue, l'allemand. C'est d'entrée un choix tout à fait respectable, la plupart des musiciens préférant l'anglais pour exporter plus facilement leurs albums à l'étranger. L'honnêteté et la maîtrise de la langue sont mis à l'honneur, on part donc avec une bonne impression de base quant aux motivations du groupe.
Et dès le premier titre, c'est une belle baffe de décibels que l'on se prend. Car la chanson éponyme de l'album est une tuerie, tout simplement, grâce à sa courte intro heavy et son refrain qui reste scotché dans la tête toute la journée. La production est de plus très soignée et le son très puissant, c'est une excellente entrée en matière. Sans laisser le temps de respirer à l'auditeur s'enchaînent "Dein Paradies" et "24 Jahre", là aussi deux tueries.
"11 Minuten" est plus calme, surtout dans ses couplets, et offre une sorte de "break" très agréable, accompagné d'un solo beaucoup plus long. "Guten Apetit" est un retour à l'énergique, c'est à cet exercice que Grantig excelle le plus après tout, avec des riffs là aussi terriblement efficaces. Les titres s'enchaînent, alternant parfaitement les riffs puissants et les passages plus calmes, parfois à la limite de l'acoustique. L'album se termine sur une note très calme, par la ballade baptisée très sobrement "Auf Wiedersehen". Le chanteur, à la voix beaucoup plus douce pour l'occasion, n'est accompagné que d'une guitare acoustique, preuve de l'ouverture d'esprit du groupe, capable d'"envoyer" aussi bien avec que sans distorsion et grosses guitares.
Solos bien placés, plans de batterie ultra carrés, riffs intéressants, voix puissante, Grantig a tout pour se détacher dans une scène allemande pourtant très dense et nous propose un album riche, intéressant et sortant définitivement du lot. Les compositions sont accompagnées de paroles profondes et intéressantes, qui évoquent de douleur, de torture de l'esprit ou encore des relations humaines, chantées par un Jonathan (guitare/chant) à la voix grave et un peu cassée.
Leur capacité à alterner chansons énergiques et calmes tout en restant cohérents est en tout cas exemplaire pour un groupe aussi jeune, puisque "Medizin" n'est que leur deuxième album (le premier est en fait un LP). On est en tout cas séduits après quelques écoutes, et on espère voir le plus vite possible ce que donne ce très réussi "Medizin" sur scène.