Nom : Sahg. Origine : Bergen, Norvège. Black Metal ? Non. La preuve que les apparences sont trompeuses. Bien qu’ayant le très frivole et peu fidèle King Ov Hell dans ses rangs, Sahg ne se donne pas pour mission de pourfendre chaque petit abbé de campagne et de l’empaler sur l’autel de saytane. Ce n’est pas armé de lances et crucifix inversés que le trio pénètre en la demeure, mais en paix, et avec tout le nécessaire à s’envoyer au septième ciel d’un hippy de la première heure. Mettez la galette sur le tourne-disque, faîtes la tourner, fermez portes et fenêtres, car l’odeur d’herbe risque d’être forte et d’alerter de bien malveillantes personnes. Décollage immédiat.
Du haut de la stratosphère, clairvoyants et hallucinamment lucides que vous êtes, vous vous rendez compte que la dimension fantasmagorique de Sahg n’a pas faibli : cover et titres de chansons sont là pour le rappeler à ceux qui ont trop tiré sur le calumet de la paix. Un fort relent de 70’s plane au dessus de toute l’expérience musicale qu’est cet album, et ceci n’est pas le seul fait d’un artwork rappelant les années anti-guerre du Vietnam débridées. La voix d’Olav convient tellement bien à ce Doom-ish Stoner Metal qu’on se surprendrait même à comparer sa performance vocale à celle d’un dénommé Prince Of Darkness, qui régnait sur les ondes hertziennes de l’époque, et maintenant règne sur une émission de télé-réalité canal MTV. Vous l’aurez compris ; l’émotion, l’atmosphère - appelez ça comme vous voudrez - est bien au rendez-vous. Il est rare quand la technique sert le ressenti, mais il est des cas où les musiciens sont assez talentueux et intelligents pour ne faire que ce qu’il faut, où il faut. Performance et production cristalline s’effacent devant l’atmosphère presque psychédélique de certains morceaux, qui font office de transition avec d’autres titres plus traditionnels, énergiques et tellement « catchy ».
Je ne vois aucun reproche à faire à ces trois nostalgiques de la pipe et du mythique van Volkswagen recouvert de décalcomanies et slogans pacifistes en tout genre. Ce deuxième opus a réussi l’exploit d’être encore meilleur que le premier au niveau de la richesse des compositions et du rendu hallucinogène. Certains regretteront l’atmosphère plus sombre du précédent, mais, qu’ils aillent tous au diable…
...Ou se faire cramer dans les forêts vietnamiennes flambées au napalm.
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