CHRONIQUES ALBUMS

Le Death Metal en terre batave, c'est un peu comme la choucroute alsacienne ou la fondue suisse. C'est ce qu'on connaît de meilleur et de plus gras qui vient de là-bas. Severe Torture, Nox, Sinister, Pestilence, Melechesh, Textures, Hail Of Bullets, Asphyx... La liste de grands noms Hollandais est longue et ne semble pas vouloir s'arrêter de sitôt... La leçon d'aujourd'hui porte sur le plus vieux d'entre eux, le grand méchant Thanatos, apparemment premier groupe à pratiquer une musique aussi extrême dans ces contrées aux tulipes et moulins si célèbres. Après avoir commencé ses exactions il y a quinze longues années, avoir essuyé de nombreux changements de line-up et un split de huit longues années, la formation de metal de la mort hollandaise reprend du service en 2000. Neuf ans et deux albums plus tard, quel intérêt musical revêt Thanatos?

Vous vous souvenez probablement de ce « Undead, Unholy, Undivine » sorti en 2004, probablement la preuve que Thanatos ne s'était pas reformé quatre ans avant juste pour frimer. La bande de Stephan Gebédi avait pris le temps de digérer avec sagesse ses influences Morbid Angel, Sodom et Possessed et l'album regorgeait de riffs carrés que ne renieraient pas la paire Kerry King/Jeff Hanneman... Or, la galette en question, quoique très honnête, n'était pas aussi efficace que celles des monstres sacrés qui lui servaient de références. Thanatos retente ici l'expérience avec « Justified Genocide ».
D'entrée plus incisif que son prédécesseur, l'album attaque par un « They Feed On Fear » agressif et mélodique à la fois. Pas de doute, on sent directement que la recette Thanatos fait toujours mouche: méchanceté des blastbeats death metal, agressivité « brut de décoffrage » thrash metal, le tout conduit par la voix arrachée de Gebédi qui nous rappellerait presque un certain Martin Van Drunen de Pestilence... Le mix est très honorable et chaque instrument est parfaitement à sa place. Sous cette déferlante, les tempi alternent cependant, notamment avec le titre éponyme, tournant mid-tempo de l'album avec son solo thrash des familles pour embrayer directement sur « The Netherworld ». Si ce n'est pas déjà fait par les premières pistes, elle vous mettra d'ailleurs une bonne calotte là où ça fait mal.
Rappelons encore qu'on n'a aucunement affaire à des amateurs: les musiciens étant tous impliqués dans d'autres formations (Melechesh, Asphyx et Hail Of Bullets pour ne citer qu'eux), leur expérience va sans dire. Le thème de prédilection de ces messieurs n'a par ailleurs pas beaucoup changé, rassurez-vous, ils détestent toujours autant la religion et ses dérives extrémistes. L'agressive « March Of The Infidels » et la très martiale « Apostles Of Damnation » en attestent. Musicalement, on entend encore les vieux fantômes thrash/death du passé sans jouer au cover-band. Des influences plus récentes se décèlent au détour d'un riff, notamment Vader, et ce mélange colle admirablement bien aux Hollandais.

En définitive, Tahanatos rend un album de ce qu'il sait faire le mieux: du neuf avec du vieux. Alors que « Justified Genocide » fleure bon le vieux thrash eighties et le death old-school (en attestent les reprises de Dark Angel et Massacre), il honore parfaitement son contrat grâce à un son résolument actuel et puissant. Ce cd, sans être un futur incontournable, permet de passer un très bon moment et même si on a parfois tendance à l'oublier, c'est le principal.