CHRONIQUES ALBUMS

C'est juste après la séparation de Tsjuder que Draugluin, guitariste du combo norvégien, décide de réveiller son propre groupe: TYRANN. Exit les corpsepaints, changement de label, on y retourne comme en quarante et sans se prendre la tête: de toute façon Black Metal is only rock'n'roll.

Après une entrée en matière tous blastbeats dehors, on se rend compte que ce bon vieux Draugluin a encore quelques riffs sous la main. Du Black Metal primaire au Thrash agressif, la première piste « Reaper » envoie déjà bien balader et on ne peut pas s'empêcher de penser l'espace d'un instant ou deux à Absu. "Shadows Of Leng" continue inexorablement et c'est un euphémisme d'écrire que le tempo est la plupart du temps très rapide. La frappe très régulière et bien mise en avant d'Anti-Christian dans la production lui confère une place importante dans le mix. En effet, nous avons affaire ici à un power-trio très offensif: outre les deux transfuges de Tsjuder, Seidemann, bassiste de 1349, vient compléter la formation. « Hellridden », quatrième piste de SOL, est probablement la piste charnière du cd avec son riff orientalisant et son pont ultra-rapide. En ce qui concerne le mix on a droit à un son certes crado mais très appréciable pour ce genre de musique. Voix/guitare/basse/batterie sont à niveaux assez égaux et tout se discerne plutôt bien, soli compris.
Alors bien sûr, toutes ces qualités font que sur le papier, Tyrann nous offre un cd d'une efficacité indéniable... du bon vieux Black Metal comme on n'en fait plus... peut-être bien que c'est ça alors... Oui, nous avons donc ici de la violence crue, loin des pérégrinations pseudo-expérimentales de nombre de groupes plus occupés à branler leurs manches et à soigner leur mèche qu'à se préoccuper de ce truc dont les groupes comme Tyrann se revendiquent: une âme. Haha, eh oui, c'est ça le truc, les enfants!... Jouer et rejouer mêmes riffs thrasho/black vieux comme le monde, signe d'une contre-culture au sein même de la contre-culture. Le metal vend? Malédiction! Retournons écouter nos vieux Hellhammer pour en extraire la substantifique moelle. Voilà. C'est ça, « avoir une âme ». Vous me trouvez odieux? Moi aussi... d'autant que l'album que j'écoute encore à présent n'est pas franchement mauvais, c'est sûr... Si ce n'est que tourner et retourner pendant trois quarts d'heure les mêmes riffs piqués tour à tour à Watain, Immortal, Celtic Frost et consorts je commence à trouver cela limite convenable. Pour info, c'est à partir de la moitié de l'album que j'ai commencé à décrocher royalement. Et le pire est que je culpabilise encore...

Difficile conclusion: d'un côté, cet album a le mérite de faire passer un moment pas désagréable: on sent bien que les gars qui sont aux manettes n'en sont pas à leur premier méfait au nom de Satan et c'est plutôt plaisant, les parties étant relativement bien amenées et la maîtrise des instruments de chacun étant probablement à son plus haut niveau.
Mais alors où tient ce fichu problème sans nom? Que se passe-t-il pour qu'à l'écoute, cet album paraisse aussi plat? Pourquoi SOL n'est-il qu'un « album de plus » estampillé TNBM (Anti-Human Anti Life)? … Mince. Et si cet album était sorti 15 ans trop tard?