CHRONIQUES ALBUMS

Bien avant l'explosion et l'engouement actuel du public pour les formations à consonance folk, Stille Folk apparaissait déjà sur les catalogues des spécialistes du métal. Mais voilà, 6 ans sans donner de nouvelles, c'est un peu long, et le retour de la formation pyrénéenne arrive un peu comme la résurrection d'un revenant. Oui, mais quelle retour! Car avec ce cinquième album, "Nueit de Sabbat", c'est toute une équipe de ménestrels fous qui viennent entrer dans notre salon, avec l'originalité et l'énergie des premiers jours. Certes, la présence d'une formation typiquement folk dans le monde métal pourrait faire froncer les sourcils : dans ce cas là, Allan Stivell serait représentant du hard FM et Loreena Mc Kennitt du doom dépressif; mais à l'instar de groupe tels que Corvus Corax, Stille Volk véhicule une dynamique et un esprit décalé somme toute bien métal...et quand bien même, qu'importent les appellations si cela aide certains à écouter de la bonne musique...

Du bon, en voilà à foison sur "Nueit de Sabbat", à commencer par la quantité d'instruments utilisés, de toute provenance, de toute les formes. Les accroches sont alors innombrables sur des compositions uniquement acoustiques, où toujours demeure un élément d'arrière plan retenant l'oreille en éveil. Stille Volk conserve également sa touche de théâtralité, s'exprimant avant tout via un chant grandiloquent digne des meilleurs troubadours, que dis je, éclipsant le meilleur des trouvères du Roy. Les vocaux, avec toujours l'originalité de textes chantés en français et occitan, créent effectivement le spectacle, se lançant dans des tirades enjouées, mais capables aussi de s'adapter aux différentes histoires contées au fil des titres. Car "Nueit de Sabat" n'est pas uniquement un album endiablé pour faire danser les villageois. Si l'album s'ouvre sur des titres festifs, voir véritables odes à l'ivresse (« Banquet »), le groupe sait aussi se poser et montrer que le médiéval peut se décliner sous différentes formes et n'a pas vocation unique à agiter les jambes. Apparaissent alors au fur et à mesure des mélopées plus incantatoires (« In taberna ») ou poétiques ( et le beau « Egérie Nocturne »). Finement composé, l'album dégage un gros travail fourni également au niveau des mélodies (« Forêt d'outre tombe »), travail apparaissant de plus en plus nettement sur les titres de fin, à la texture plus douce, comme une sorte de repos après le banquet.

Les bonus videos tournés lors du Cernunnos pagan fest de 2007 aident à retranscrire l'ambiance des prestations live, avis aux amateurs de festif, sur scène, ça swing (malgré un public un peu frais cette année, puissent les autres être plus mouvementées.)
Après l'écoute de Nueit de Sabbat, il devient plus facile de se représenter ce à quoi peut ressembler une nuit orgiaque, entre folie, ivresse et ensorcellement le tout dans une ambiance médiévale parfaitement équilibrée et présenté par une production et un artwork on ne peut plus soigné. Stille Volk ne pouvait signer meilleur retour, partageons avec eux cette fête, et qu'elle dure longtemps!