CHRONIQUES ALBUMS

Voici une bien belle découverte qui s’offre à nous, celle d’un petit groupe originaire du sud de la France nommé CHEMISTRY, aux ambiances « rock planantes » un peu metal sur les bords. Né à Avignon en 2005 sous le nom de STORM IN INSOMNIA, le groupe sort un EP la même année et décide en 2007, après s’être dégoté un producteur, de composer un premier album sous le nom de CHEMISTRY, intitulé « Perfumes » et masterisé en Finlande. C’est ce premier opus sorti en 2008 qu’il convient d’aborder à travers ces quelques lignes. Malgré son indéniable talent, le groupe reste étrangement discret puisqu’il n’est pas aisé de trouver de quoi se rassasier sur cette jeune formation en parcourant le net. Mais ne vous découragez pas trop vite, les belles découvertes sont des perles bien trop rares noyées dans la surabondance musicale actuelle, pour que l’on s’autorise de passer à côté.

Comment décrire la musique de CHEMISTRY ? Et bien il s’agit d’un moment envoûtant car en dehors du temps, magique et planant. Ce trio composé de Camille TARDIEU au chant et à la guitare, Benjamin ELKAIM à la batterie et Fabien PIO à la basse, arrive à vous transporter dans un univers mélancolique, beau et vaporeux tout au long de ses 9 titres Les morceaux ne misent absolument pas sur la technique mais sur une ambiance très inspirée et sincère qui touchera à coup sure les plus sensibles d’entre vous. Plus concrètement « Perfumes » est le genre d’album transcendant qui vous fait plonger dès les premières notes dans une ambiance particulière et propre à l’opus, que vous retrouvez seulement à son écoute. Les amoureux de ce type de dépaysement savent que peu d’expériences musicales sont capables de provoquer un tel voyage. C’est pourquoi « Perfumes » est un album à part à connaître et à savourer sans fin. Cette sensibilité si authentique est peut être due à la présence féminine de Camille TARDIEU à la composition, qui sait ?

Lors de la première écoute, deux choses interpellent directement l’auditeur : la voix de Camille et le violon de Anne Flore BERNARD. Étonnement malgré son intervention sur toutes les pistes, la violoniste ne fait pas partie de la formation, pourtant sa présence semble indispensable. En effet, les guitares n’ont qu’un rôle mineur et sont là surtout pour contribuer à l’ambiance planante de l’opus. A ce titre, le son de ces dernières se fait très dépouillé et laisse la place au violon quasi omniprésent mais très bien dosé ainsi qu’à la voix Camille….et quelle voix !! Cette dernière n’est pas sans rappeler par moment Patti SMITH voire Tori AMOS et ne contente pas d’un seul registre. Même des voix lyrics parfaitement maîtrisées et bien placées sont présentes. Les lignes de chant sont totalement décomplexées, la chanteuse ose et le fait bien évoquant sur certains passages AYIN ALEPH en moins déjanté. Sa performance fait également penser à un « Brian MOLKO au féminin » sur l’excellent « In the depth of our senses ». C’est dire à quel point son panel de voix est élargi et bien exploité sans occuper pour autant tout l’espace sonore, ce qu’énormément de bonnes chanteuses ont tendance à oublier. Les vocaux tendent à se fondre complètement avec le violon comme c’est le cas sur « Loreley » et « Sapphire tears ».
La batterie et la basse font correctement leur travail, ni plus ni moins car comme on l’a déjà dit, la musique proposée par CHEMISTRY reste dans l’ensemble relativement simple. L’objectif n’est pas de créer une musique complexe et technique mais envoûtante et sensible. L’ensemble de l’opus est homogène, les morceaux ne sont pas très variés car c’est cette ambiance si prenante et mélancolique qui sert de fil conducteur. Le tout est limpide et coule de source, le manque de diversité qui peut être observé en gardant la tête froide n’est donc pas un problème bien au contraire.

Vous l’aurez compris, il est dur de vouloir sortir du petit monde de CHEMISTRY une fois que l’on y a goûté. A conseiller aux fans de « rock metal atmosphérique » qui cherchent dans la musique de quoi se plonger dans un monde singulier avec ses propres émotions et ressentis. Une petite interrogation subsiste, on se demande tout de même comment il est possible que CHEMISTRY se produise sur scène sans violon. Reste à les voir en live pour y répondre. Cependant une chose est sure, CHEMISTRY en est à ses premiers pas et nul ne doute que la suite, expérience en plus, ne sera encore que meilleure. Des riffs un peu plus efficaces incorporés à cette ambiance si déroutante ajouteraient plus de professionnalisme au trio. Ceci dit, cette remarque reste plus anecdotique que fondamentale car CHEMISTRY marche déjà sur la voie des grands et peut exhiber fièrement son œuvre à travers l’hexagone voire plus. Sans aucune surprise après tant d’éloges, « Perfumes » mérite de faire parti des albums « coups de cœur » pour sa personnalité, sa simplicité et son inspiration saisissante. Une groupe qu’il convient de suivre et d’encourager…encore bravo !