CHRONIQUES ALBUMS

La « French touch » ça vous dit quelque chose? L'intérêt pour les musiques électroniques de la part de notre hexagone n'est pas nouveau, mais pendant que certains préfèrent aller se trémousser en T shirt fluos sur des sons édulcorés dans les sables d'Ibiza, d'autres préfèrent la cadre tout aussi romantique de l'usine d'abattage locale.
Entre le crépitement du pistolet électrique et le crissement des scies découpant les carcasses officie Dexy corp, en pleine production d'un « Fragmentation » au bon goût de limaille de fer.

Comme l'ont montré Punish Yourself, Tamtrum, Malakwa, Mycia ou Elktronik Sciety, la petite touche bien de chez nous en matière d'électronique se nomme aujourd'hui décadence! La prescription de Dexy corp_ : ouvrez la bouche, emplissez de lames de rasoir, et machez bien. Avec un son très électrique, très métallique, l'album s'appuie sur une production très abrasive, niveau papier de verre gros grain pour attaquer directement les tympans, dans le bon sens du terme. Énorme point positif : Dexy corp ne s'enterre pas dans une vague unilatérale de gros son binaire mais parvient sans peine à faire varier ses compositions entre apports planants (« Anhédonie »), hard tech déchirée (« Beat me »), passages plus dance floor ou plutôt agressifs, le tout régulièrement découpé par le passage régulier d'une scie circulaire...Les vocaux, largement « pas comme il faut », taillent la matière à vif, ajoutant un tranchant glacial et nerveux pendant que derrière, les énormes guitares achèvent de réduire le restant en poussière.
Originalité? Déjà vu. Technique? Basique mais direct, et surtout redoutablement efficace. Production : Râpeuse, mais taillée sur mesure. Intérêt? Maximal! Car oui, Dexy Corp donne de sa personne; et s'il existe déjà d'autres formations similaires? Peu importe, en voici au moins une qui ne transige pas et qui envoie, envoie envoie comme un gros big bang sonore malsain! Encore un petit creux? Il reste encore un tas de carcasses rouillée à terminer, ouvrez grand !