CHRONIQUES ALBUMS

Range ton perfecto et sors ta cape de sorcière ! Nettoies donc ta crinière, passes-y un coup de fer à lisser et n’oublies pas de faire négligemment sortir de ta capuche une looongue mèche blondissime. Voilà, tu es l’un des innombrables Vikernes’s die hard. Voici grossièrement ce que nous propose Kadhaas : une revisite au pays des loooongues ballades dépressives.

Comme il est de coutume, Kadhaas est le seul et unique membre de ce projet, tout droit sorti de nos forêts de la région Rhône Alpes. Si, comme ils aiment à le dire, les musiciens nordiques tiraient une grande partie de leur inspiration des paysages frigorifiés, des étendues de sapins et j’en passe, on ne peut pas vraiment dire que Wolfshade ait su tirer de nos forêts la superbe glaciale des claques qu’on pu nous apporter d’autres productions en le domaine…
Tout porte à croire qu’il manque à notre France les grandes péninsules gelées si maîtresses des grands albums de black métal dépressif. Mais on ne choisit pas l’endroit où l’on nait… à défaut de tirer le souffle de Wolfshade des panoramas de l’hexagone, Kadhaas prétend être inspiré par Lovecraft. En plus de venir s’ajouter à la petite liste des douces kitcheries de cet opus, je cherche encore désespérément l’influence du grand écrivain…

Il n’en reste pas moins que « Trouble » n’est pas qu’une pauvre tentative. Il semblerait que Kadhaas soit guitariste de formation. Restant pittoresques, certains riffs retiendront notre attention. Certains collages acoustique/distorsion aux six cordes viendront apporter la légère touche pimentée de « Trouble ». La basse ne s’y offrira qu’une présence fantôme. Immanquablement down tempo, le jeu de batterie sera tout juste relevé par une utilisation sympathique des cymbales. Quant aux derniers éléments, on va faire une charade. Mon premier est un cri écorché, mon second est monotone à souhait, mon troisième est un filtre qui viendra donner de l’effet à mes deux premiers. Mon tout est continuellement incompréhensible et animé d’élans poétiques. Qui suis-je ? Dans le mile : la voix ! Ecrites en français, les paroles ont voulu se donner un aspect poético-sensiblo-lyrico-romantico… et l’objectif est atteint. On n’y trouvera aucun génie mais enfin la griffe de « Trouble ».
Kadhaas n’est peut-être qu’une âme ravagée de plus … vagabondant tant bien que mal à la surface de la terre, cherchant sa Raison, exprimant au travers de Wolfshade sa peine. Au final, « Trouble » n’est peut-être qu’une démarche visant à une sorte psychanalyse … à chacun sa manière de butter démons et angoisses !
Oubliez illico l’originalité. Là où l’univers et l’ambiance auraient pu faire la différence, Wolfshade ne possède malheureusement que l’art du photocopiage. Les ancêtres n’ont pas à se retourner dans leurs tombes (ou dans leurs prisons), « Trouble » s’ajoutera simplement à la pile poussiéreuse des albums tribute to …
En des terres où l’étendard de la Liberté flotte fièrement, on ne peut malencontreusement pas teinter le drapeau de Wolfshade aux couleurs de l’Egalité… fort heureusement, nous sommes dans un secteur musical où l’on ne peut que prôner la Fraternité pour se serrer les coudes ! Kadhaas, sans rancune aucune !