CELESTIAL BLOODSHED Cursed, Scarred And Forever Possessed [ 2008 ] |
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Durée : 34.03 Style : Black Metal |
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ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
PRODUCTION |
EMOTION |
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Chronique : 17 avril 2008 , réalisée par Decembre | ||||
Watain ? Mayhem ? … Mayhem ? Watain ? A y regarder la pochette, voici les deux grands noms qui se posent. Ainsi, avec la parfaite tête de grim qui fait peur, le maquillage version panda sortie d’égout, le cri qui déchire la voûte céleste, la main crispée, la crinière blonde et le tee-shirt (blanc !) déchiqueté, c’était quitte ou double. « Cursed, Scarred And Forever Possessed » va-t-il être un énième foutage de gueule dans le pays trop souvent ridicule du dit « black métal » ? Il y a environ deux décennies, affirmer qu’un album de black métal était bel et bien noir, empli de haine et tout à fait satanique aurait été un pléonasme à caractère injurieux, un acte à la limite de la catastrophe déontologique. Un mot plus haut que l’autre et c’était une balle qui s’offrait une place dans mon crâne ou vingt quatre coups de couteau dans le dos, au choix. Je ne sais quels vents ont soufflé sur les pleines de la Scandinavie enneigée, je ne sais quel est le premier enfoiré à avoir remarqué que le métal était quelque chose de potentiellement lucratif, je ne sais comment mais le black est devenu un produit codifié et propre, qui ne fait plus s’enflammer grand-chose : ni bâtiments religieux, ni nos petits cœurs tendres. Aujourd’hui j’ai trouvé un disque qui a attisé mes vieux démons : mon amour immodéré pour cet antique raw black métal, cradingue à souhait. Celestial Bloodshed produit une musique qui n’a vraiment rien d’original. Cependant, ce genre de production est tellement rare qu’il faut l’accueillir comme il se doit. « Kneel now, my brothers, and listen to the Gospel of Hate » : voici ce qu’annonce le pamphlet fourni par leur label, qui n’est autre que le prodigieux Debemur Morti. A genoux mes frères, écoutez ce cantique à la haine. Cet album est … aussi touchant qu’une balle qui s’étreint dans sa première et dernière danse. Aussi envoûtant que la douce odeur de la poudre noire, virevoltante dans les airs chauds. Aussi beau qu’un visage violacé, animé de spasmes courts. Aussi tragique que ses ultimes soubresauts de vie, vomissant d’horribles caillots de sang. Aussi charmant qu’une tête trébuchant d’un corps après avoir rencontré une douille d’un fer rouillé. Cet album est aussi magnifiquement subversif que la photo de Dead, réduit à son état de stricte solution finale. Comme la dite photo, l’aspect technique comporte ses bévues : chaque composition se finissant dans une soupe aux larsens paradoxalement délectable. Une caisse claire trop lointaine : la grosse caisse prend alors toute son ampleur, nous envoyant valser dans les effluves de transes d’une messe noire. Le mixage de certains riffs guitare demande un effort certain si l’on souhaite comprendre les compositions dans leur intégralité. Se dévouer corps et âme à « Cursed, Scarred And Forever Possessed » pour être surs de ne pas en perdre une miette. Etre littéralement aimanté de bout en bout. En perdre toute notion et soudainement se prendre au petit jeu proposé par Celestial Bloodshed. Alors trembler quand de dérangeants samples viennent brouiller votre tranquille ballade. Et ainsi se laisser surprendre quand une respiration métastasée vient vous hanter. N’avoir d’autre solution que de frémir d’angoisse quand un mécanisme explose vos vertèbres. Se soumettre au supplice. Se délecter de cette géhenne. Vibrer au son de cet album définitivement majestueux. Comme le célébrissime cliché de Dead, tout ceci aurait pu prendre des allures d’opéra de musette version darkouze du dimanche. Mais voilà, comme dans la photo, il y a quelque chose d’imperceptible, un halo impalpable qui vous pend tout au long de « Cursed, Scarred And Forever Possessed ». Un brouillard aux contours incertains, comme le voile d’une pluie d’hiver. A l’instar de tous ces disques métal electro ayant le vent en poupe ces temps-ci, avec « Cursed, Scarred And Forever Possessed », Celestial Bloodshed ne s’aventure pas en terrain inconnu. Pas d’expérimentations bancales, rien que du plus pur black métal : haineux, puissant, intimiste et dévastateur. … en voici une chronique emplie d’élans baroques, mais que voulez-vous ? Cet album est très bon et point à la ligne : Fuck Off And Die. |
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