CHRONIQUES ALBUMS

Ah! La Grèce! La simple évocation me met la larme à l'oeil. Que de groupes talentueux, originaux et novateurs issus de ces lointaines contrées! Septic flesh, Rotting christ, Nightfall, (les regrettés) Exhumation etc,etc. Necromantia est de ceux là. 18 ans déjà que le peu productif duo (cet album n'est que le quatrième du groupe) met son art au service d'un black metal malsain et personnel, qui lui aura permis d'être un des groupes grecs les plus respectés dans les années 90.

Néanmoins, 7 ans se sont écoulés depuis la dernière livraison du combo, « IV: Malice », replongeant Magus Vampyr Daoloth et baron Blood dans une semi-confidentialité non méritée. Aujourd'hui, les blues brothers du black hellénique reviennent avec « The sound of Lucifer storming Heaven », 8 titres de black occulte, symphonique et définitivement unique. Unique, déjà par la méthode. En effet, ne cherchez pas de guitares sur ce CD, il n'y en a pas, les deux compères ne jouant exclusivement que de la basse, dont une à 8 cordes assurant l'intégralité des riffs et des solos, créant une sonorité bien particulière. Vibrants, graves, ronflants, complexes, les riffs de Necromantia ne sonnent comme aucun autre groupe. Les compositions en elles mêmes sont particulièrement fouillées et travaillées, agrémentées de nombreux arrangements symphoniques (parfois bien kitsch et pompeux), les parties s'imbriquent dans les morceaux et l'écoute demande un réel investissement pour en cerner tous les contours. L'ambiance développée durant tout le disque est très particulière, entre occultisme, fureur et raffinement, portée par des vocaux mi-grognés et mi-hurlés plutôt désagréables sur les premières écoutes. On finit tout de même par s'y faire, en même temps que l'on digère (difficilement) le mix plutôt étrange, donnant assez peu de relief aux parties métalliques (la batterie est un vrai magma) mais mettant les arrangements symphos bien en avant. Une petite impression de fouillis persiste sur les passages les plus brutaux mais je pense que ceci contribue aussi beaucoup à l'atmosphère de l'album.

Malgré une production discutable, ce Necromantia ne déroge pas à la règle. Toujours aussi originaux dans leur approche du black symphonique et inégalés pour installer un climat occulte et profond, les grecs signent ici un album de bonne facture, peut être en deçà de leur précédents albums mais qui devraient ravir les amateurs de musique sombre et complexe qui prennent la peine de s'investir dans l'écoute. Férus de musique d'ascenseur s'abstenir.