CHRONIQUES ALBUMS

On traverse tous , à un moment ou à un autre, des événements qui bouleversent nos existence, en bien ou en mal, qui changent notre perception du monde, changent nos habitudes ou nous donnent de nouveaux buts à atteindre. Pour Bertrand Dosne, ce fut un concert de Joe Satriani il y a peine un an et demi. Une véritable révélation, semble t'il, puisque notre homme traumatisé n'eut après ce concert qu'une seule envie: ressortir sa guitare hibernante depuis une bonne décennie et s'y remettre à fond les ballons.

L'ami Bertrand a donc rechaussé les médiators et s'est par ailleurs amusé à composer dans son coin. De fil en aiguille, les esquisses se sont étoffées et sont devenues de vraies compositions et voilà un Bertrand Dosne tout joyeux qui nous propose aujourd'hui son premier « album/démo », fait maison et sur mesure. Le CD d'une durée de 25 minutes environ, s'articule autour de 6 compositions entrecoupées d'interludes parlées, racontant l'histoire du jeune Gordon qui, défiant les dieux, se voit condamner par le grand Elder à errer dans les univers jumeaux. Librement inspiré de l'histoire d'Ulysse (31. C'est pas moi qui le dit, c'est Bertrand), j'avoue honnêtement que l'histoire ne présente guère d'intérêt en elle même mais permet de tendre un fil conducteur entre les morceaux, dont les ambiances suivent le fil de l'histoire.
La musique, elle, s'inspire directement du grand Satch des années 80 avec quelques influences heavy metal de bon goût (« Riding thru Einstein rings part2 » et son riff d'ouverture qui semble sortir du « Killers » de Maiden) , dans une véritable orgie de guitares: rythmiques, lead, acoustiques... On repense immédiatement avec bonheur au terrible « Surfing with the alien » et l'alternance de titres bien heavy et rapide (« Twin universe », percutant titre d'entrée) et d'autres plus posés, plus ambiancés (« Theory of everything », « Riding thru Einstein rings part1 ») avec des incursions de guitares sèches fort bienvenues. Le tout s'enchaîne dans une grande fluidité et les mélodies sont foutrement accrocheuses.
Car si Bertrand Dosne n'est pas encore un virtuose de la six cordes (ça n'est pas péjoratif, attention) et contrairement aux wagons entier d'émules de Satriani qui s'évertuaient à vouloir surpasser le maître et n'offraient qu'une navrante surenchère de technique stérile, il fait son truc avec passion et application et cherche avant tout à se faire plaisir. Et ça s'entend. Ses compositions se suffisent à elles mêmes et n'ont nul besoin d'un regain de technique, le feeling est là, les morceaux sont variés, on passe vraiment un bon moment.

Alors passons le fait que ça sent parfois trop le Satriani pour être vraiment personnel et prenons plaisir à passer 25 minutes avec ce « Twin Universe » qui ravira les nostalgiques du « Surfing with the alien » et autres aficionados de bon heavy rock instrumental.