CHRONIQUES ALBUMS

End Of Green. Ca vous dit quelque chose ? Groupe de Gothic Rock légèrement metallisé venu du nord. Chant sépulcral qui vient séduire votre oreille avec ses vocalises graves « à la Steele ». Ca ne vous dit toujours rien ? Pas surprenant, mais la sortie assez médiatisée du premier album solo du chanteur Michelle Darkness devrait faire changer les choses. Révéler à plus grande échelle son talent vocal hors normes, exciter les groupies de Jyrki69 et Peter Steele, et qui sait faire sortir de l’anonymat End Of Green.

Dans ce premier album solo, Michelle Darkness pose son timbre de voix clair, guttural et romantique sur des chansons mélancoliques et énergiques au style proche de The 69 Eyes (surtout), Lacrimas Profundere (seconde période) et Type O Negative. L’instrumentation est bien entendu largement moins riche et possédée que chez Peter Steele, et la production léchée ainsi que les choix mélodiques sont bien plus faciles, parfois à rapprocher d’un HIM (en mieux, bien sûr). Pourtant les mélodies ne sont jamais déplaisantes, et finissent par faire leur chemin (« My Sweet », « Dopecrawler »). Les tempi, généralement cantonnés dans un style Metal Gothique, savent se faire lourds et presque Doom, notamment à l’occasion de la très belle reprise de Simon And Garfunkel « The Sound Of Silence », et un bon compromis entre Rock, Metal, acoustique et électrique permet à l’album de trouver une véritable aération.
Bien sûr, le manque flagrant d’originalité était à prévoir. Les groupes de Metal Gothique à chant masculin sont plutôt répandus, et il n’est pas spécialement novateur de chanter comme le fait Michelle Darkness. Son timbre maîtrisé, habité et efficace fait néanmoins des merveilles et sied parfaitement aux compos comme aux reprises (« Love Will Tear Us Apart », reprise très correcte de Joy Division forcément moins bonne que l’originale »). Mélancolie et maniérisme gothique, riffs idéaux pour le genre, ajoutons à cela une certaine simplicité et un format couplet/refrain qu’on ne saurait que trop plébisciter, et qui fait mouche sans problème. Souci ? Une tendance à sonner un peu trop Rock FM de temps en temps (le ratage d’ « Angelsong » où même les lignes de chants sont mauvaises), un manque de prises de risques, pas de véritable point culminant, un ensemble finalement un peu plat.

Mais Michelle Darkness réussit relativement son incursion solo. Un peu trop gentil et timide, « Brand New Drug » demeure très agréable à écouter, certains tubes sont à retenir (définitivement « My Sweet »), tout de même moins que la période « Ave End » de Lacrimas Profundere, et les amateurs de rock/metal gothique à chant masculin très grave gagneront à en faire l’acquisition.