CHRONIQUES ALBUMS

Décidément le monde selon Ajattara, formation de Dark Metal finlandaise, reste malgré le temps qui passe et déjà 5 albums dans sa besace, toujours aussi sombre et dramatique. Abonnés au noir le plus opaque, nos trolls du grand Nord n’en finissent pas de dépeindre dans leur langue natale un univers entaché de violence et de délire psychotique, une vision empirique de l’univers où la frustration et la dépression règnent en maître.

Rarement la dénomination dark metal aura été aussi juste et précise pour définir ce qui se dessine au gré des sons, des ambiances suggérées, dont la lourdeur pachydermique assomme l’auditeur dès les premières notes jouées. Certaines nous rapprochent du doom, « Naimalaulu » en est un exemple parfait avec son violon décalé et décadent, suivi d’une section rythmique crépusculaire tout comme l’insoutenable « Kalmanto » à la fois beau et laid particulièrement lent et minimaliste. Ce titre possède un feeling diabolique prompt à déclencher des scènes d’hystérie collective, certainement le meilleur brûlot de cet opus tout comme « altarilla aamutahden » dont la claque froide et funèbre sur la joue nous rappelle les grandes heures de Burzum … Un regret cependant viendra entacher cette écoute délicieuse, la production n’est pas du tout à la hauteur de la chose. Manquant de mordant et de puissance, celle-ci ne rend pas assez compte du jeu des protagonistes qui pourtant sont loin d’etre des « manches » en la matière ! Il faudra pour véritablement profiter des douceurs macabres de cet album, posséder de très bonnes enceintes pour éviter de devoir monter le son à des volumes interdits ! Ceci étant, le talent des compositions est bien là et il ne faudra pas longtemps aux plus chevelus d’entre vous pour bouger vos crinières fraîchement shampouinées et pourquoi pas se prendre pour le maître des enfers !

"Kalmanto" n’est pas un disque à prendre à la légère, et reste certainement le meilleur de la discographie d’Ajattara indubitablement le plus abouti dans sa démarche spirituelle très proche des préceptes édictés par le paganisme. On ne ressort pas franchement indemne de ce voyage tant le coté persuasif des vocaux du maître de cérémonie Ruoja sonnent juste et font froid dans le dos … disons le clairement cette œuvre n’est pas à mettre entre toutes les mains mais j’en suis certain déjà promu à un beau succès… amen.