CHRONIQUES ALBUMS

Le black métal belge ne se résume pas à Enthroned, et non. Aujourd'hui, découvrons donc Gorath, projet du multi instrumentiste belge F.Dupont (Dupond "t" et pas "d"). Existant depuis 1996, Gorath a déjà à son actif quelques démos et splits et 3 albums studios. Le label russe Haarbn vient de sortir un CD regroupant deux de ces démos/split, « Haunting the december chords » de 2003 et « The blueprints for revolution » de 2004.

Commençons par le commencement avec "Haunting the blue chords", sorti initialement en split avec les italiens de Tod en 2003. Le style de Gorath y est déjà bien défini, c'est à dire des titres black métal aux sonorités plutôt classiques, mais possédant des structures très complexes, des titres "à tiroir" en fait, alternant passages black typiques et plages atmosphériques. L'appellation "progressif" est un peu tendancieuse pour cette première partie du disque, car l'expérimentation y reste faible, et l'ensemble, malgré une exécution impeccable et une inspiration convenable, sonne souvent comme un collage d'idées disparates. Les différentes parties, si elles offrent une bonne variété d'ambiances, sont souvent disposées les unes après les autres sans véritables transitions, ôtant une grande part d’efficacité aux compos. De plus, le son est assez plat, et la voix trop saturée et sur mixée irrite rapidement lors des premières écoutes.

L'autre moitié, " The blueprints for revolution " split de 2004, présente des compositions plus travaillées et personnelles, s’éloignant des plans classiques du black métal. Si l’ambiance générale est proche de celle du début du disque, les structures des titres se sont étoffées, proposant davantage de fluidité. Le terme « progressif » est ici plus approprié, car F.Dupont développe des thèmes plus techniques et aventureux, notamment au niveau des rythmiques et de certains passages mélodiques inhabituels (quelques touches jazzy furtives par exemple). La production s’est un peu améliorée, gagnant en amplitude et en dynamisme, ce qui permet d’apprécier tous les instruments. Les vocaux se sont diversifiés, entre hurlements black, cœurs guerriers et grognements gutturaux, ils évoquent souvent Cradle of filth mais conservent toutefois un coté irritant qui pourrait faire renoncer les non habitués.

Voici au final une « réédition » assez intéressante, de qualité hétérogène, avec du bon et du moins bon, mais qui montre surtout une part de l’évolution de Gorath. Cela reste bon moyen de découvrir les premiers enregistrements de ce groupe et une conception du black métal un peu différente.