CHRONIQUES ALBUMS

Combien de groupes métal français peuvent se vanter d'afficher presque un quart de siècle d'existence au compteur? Un quart de siècle sans compromis, mû par la seule force de la passion pour le métal? Vraiment très peu, mais Killers est sans nul doute de ceux là.
Créé en 1984, le groupe basque aura traversé les modes, résisté aux nombreux changements de line up et au décès de leur batteur Nicko Andrieu en 2001, pour toujours être présent en 2007, plus énervé que jamais, sous l'impulsion de l'infatigable Bruno Dolheguy.

Avec ce "A l'ombre des vautours", ils démontrent de fort belle manière que quoique l'on en pense Killers a toujours été et restera toujours Killers. La formule reste la même, un heavy/speed surpuissant, chanté exclusivement dans la langue de Molière. 22 titres pour 69 minutes de métal sans répit, pas l'once d'une ballade, priorité à l'efficacité. Les titres sont courts, entre 2 et 4 minutes pour la plupart, basés sur des riffs simples et des rythmiques à cent à l'heure. Rarement album de heavy aura été si dense et direct. Mais nos Killers ne sont tout de même pas intégristes, ils prennent un malin plaisir à moderniser leur recette (qui date tout de même un peu), en incorporant des éléments plus extrêmes. Grâce à un son extrêmement puissant et des riffs rouleaux compresseurs très speed, il plane sur ce disque une légère brume thrashisante, quelques passages sentent le death à plein nez ("Absent", "SOS", avec gros riffs sombre et voix grave), et "No future" à de fortes allures punk, avec son "No future" répété jusqu'à plus soif.
Les thèmes chers à Killers sont toujours évoqué avec rage et implication, qu'ils dénoncent une société injuste, égoïste, corrompue ("Deux bastos dans le cigare", "Tais toi"), ou qu'ils hurlent bien la passion du groupe pour le métal ("Faire du metal", ou les reprises de Motorhead et Manowar, respectivement "Overkillers" et "Habemus metal", grands classiques live de groupe).
"A l'ombre des vautours" est un disque extrêmement dense et intense, qui pêche malheureusement par sa durée. Difficile de tenir la distance devant un tel déferlement d'énergie pendant plus d'une heure. Pourtant, rien n'est à jeter, même dans les titres placés à la fin, tels que "www.misere" , "Voyeur" ou l'instrumental "Trajectoires", qui sont parmi les meilleurs de l'album, mais souffriront de leur position peu adéquate.

Mais ne boudons pas notre plaisir, Killers a toujours la rage, les fans seront ravis, ce qui aiment le speed métal aussi, les autres tant pis pour eux. Ce disque est une leçon d'intégrité, d'abnégation et de passion. Une leçon de ce que devrait toujours être le métal, tout simplement…