CHRONIQUES ALBUMS

Si le nom de Fornication ne vous dit rien (à part aux esprits lubriques), sachez que les 5 français ne sont ni des débutants, ni des amateurs. Depuis plus de dix ans, Fornication s'est forgé une jolie réputation dans le monde de l'underground français, avec une demi douzaine de démos et autres splits, et un album sorti en 2002. Et ils reviennent aujourd'hui, après 5 ans d'absence, avec leur brutal black metal plus enragé que jamais, et visiblement bien décidés à se hisser sur le devant de la scène.

En effet, ce "D N Hate", si hargneux et virulent qu'il soit, montre un groupe en pleine évolution, qui a de l'ambition et se donne les moyens de parvenir à ses fins. Dans le concept, déjà, Fornication a mûrit. Si ces thèmes de prédilection, tels que la perversion et la mort, n'ont pas changés, ils sont ici présentés de façon plus subtile, particulièrement dans le visuel. Les images crues et violentes qui ornaient les livrets des anciens enregistrements ont été remplacées par des photos plus artistiques et esthétiques, à la violence sous jacente, mais qui conservent l'esprit malsain que le groupe développe dans ses textes.
La musique quant à elle, est loin de simplement suggérer la violence, le black metal de Fornication étant particulièrement brutal, à coup de blast beats, de riffs rapides et de cris rageurs et inhumains.

Ici, point de claviers ni d'orchestrations (mis à part l'intro et les deux interludes au piano), place à l'efficacité. Attention, Fornication ne se contente pas de brutaliser bêtement, mais sait au contraire varier intelligemment son propos pour rendre l'album plus prenant et musical. Déjà, les structures des morceaux sont très travaillées, avec beaucoup de changements de rythmes. Des influences death metal se font sentir, surtout dans les passages mid-tempo où les guitares se font profondes et écrasantes. Les titres de Fornication possèdent également – et ce n'est pas leur moindre atout – une forte trame mélodique. A commencer par les riffs, très travaillés, qui ont tous leur griffe personnelle, même dans les passages les plus violents. On peut aussi apprécier ce sens mélodique lorsque les choses se calment : la guitare lead au milieu de "The hand of death", l'intro acoustique de "D N Hate", ou "The unspeakable", le dernier titre, qui est particulièrement riche de breaks acoustiques et de leads mélodique, et même un passage trash en milieu de morceau. Un dernier mot, sur le son : il est énorme. Tout en gardant la rugosité propre au black, mais reste extrêmement précis et puissant, permettant à chaque instrument de trouver sa place (à part peut être une basse trop en retrait…). Certains pourront néanmoins regretter que le disque ne fasse que 35 minutes (moins les interludes, on a à peu prés 30 minutes de musique).

Sans révolutionner le genre pour autant, Fornication frappe un grand coup avec ce furieux "D N hate", qui a le potentiel de les faire sortir des frontières de l'underground. Les amateurs de sensations fortes se doivent d'essayer, pour ma part je les suivrai désormais avec grande attention.