Threshold est une formation tout droit venue d'Angleterre, et c'est peu de choses de dire que ce ne sont pas des petits débutants, puisque le groupe a été formé fin des années 80. Une flopée d'albums, quelques tournées mondiales, et une armée de fans plus tard, Threshold nous pond un album qui risque de faire bien du bruit !
En effet, après avoir remporté 15 titres d'album du mois à travers 9 pays avec "Subsurface", leur précédent album, les Anglais décident de remettre le couvert. Ce "Dead Reckoning" est tissé dans la plus pure veine Thrash/Rock Progressif qui soit. Il suffit d'entendre l'intro du premier morceau, "Slipstream", pour se convaincre que la touche Thrash moderne est présente d'emblée : un riff décapant à souhait nous met de suite dans l'ambiance. Le son est lourd, corpulent, très présent, ultra-efficace. Accompagnés par des nappes sonores progressives à la Jordan Rudess, les riffs oscillent entre Rock ambiant et enveloppant et Thrash couillu. C'est le morceau le plus Metal de l'album à mes yeux. La voix du célèbre frontman Andrew "Mac" McDermott, l'acrobate scénique, prend ici sa teinte la plus puissante et profonde, accompagnée occasionnellement par des guest-growls de Dan Swanö (frontman d'un nombre incalculable de formations, parmi lesquelles Edge Of Sanity, Nightingale, ou bien encore Infestdead).
Les coups de poing estampillés "Thrash" sont assenés avec une certaine finesse, car ils alternent avec des riffs plutôt Hard de la belle époque, dont quelques relents évoquant Alice Cooper, Warrant, Poison ou encore Ratt. L'ambiance est plus poignante qu'auparavant, tout en étant étonnamment progressive et mélodico-entrainante. Parlons-en, du côté progressif. Samples, sons électroniques multiples, déboulades au clavier, nappes pertinentes et efficaces, à aucun moment les autres instruments ne sont affaiblis ni assagis (ce que l'on aurait pû craindre), mais bel et bien portés. Les structures restent dans l'ensemble bien carrées, contrairement à celles d'un Liquid Tension Experiment. Les effets judicieusement appliqués à la guitare agrandissent encore la nappe, et même la toile, tissée inexorablement par les compos. Une toile qui vous emprisonne et vous enveloppe d'un bout à l'autre, comme sur "Elusive", ou bien encore un morceau mélancolique mais toujours énergique comme "Pilot In The Sky Of Dreams" (qui contient d'ailleurs des passages un peu Elton John un peu déroutants parfois). On note l'utilisation de chorus pour appuyer ce côté poignant recherché dans ce type de morceaux, dont fait partie la quasi-ballade "Safe To Fly". Et pourtant, même cette touche parfois limite-limite à fleur de peau ne dérange pas au final, car c'est ce qui rend les passages Hard/Thrash tellement délicieux, qui leur donnent tout leur sens !
Parmi les hits donc de cet album, outre le terrible "Slipstream", on retrouve un morceau bien groovy et Hard : "Disappear". On sent les zicos qui ont de la route et des années de musique derrière eux, on sent cette touche oldschool des 80's, cette époque dorée où le Hard et le Heavy étaient musique sacrée. Et pourtant, le skeud est incroyablement moderne, et surtout...accessible. Limite commercial, Metal dans son aspect le plus catchy, ambiant et progressif...De constants allers-retours sont faits tout au long de la galette, pour finir en beauté avec un "One Degree Down" très rythmé et racé.
En clair, cet album est une tuerie pour qui reste nostalgique de la grande époque des guitaristes-héros aux cheveux frisés et désire en même temps être emporté dans des ambiances et des lieux aussi variés que prenants. Pour tout ceux qui sont ouverts musicalement. A mes yeux un des meilleurs albums du genre qui soit sorti.
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