Fans de « Shining », « Deathspell Omega » et « Forgotten Tomb », pointez votre nez par ici. Laurent, chanteur guitariste d’« Inborn Suffering » (acteur reconnu de la scène Doom parisienne) présente ici sa réalisation faite maison avec son (à la base) one man band : « Mourning Dawn ». Devenu désormais un groupe à part entière avec notamment la présence dans le line up du bassiste Toxine (Funeralium, Heol Telwen), du guitariste Fabien (Orgasmic Tears, ex-Ad Vitam Aeternam) et du batteur Thomas (Inborn Suffering), afin d’écumer les scènes métalliques. Laurent a tout réalisé seul dans cet opus, c’en est même impressionnant. Décidément entre « Mirrorthrone » et « Mourning Dawn », les projets solos ont du bon.
Le paysage dépeint par « Mourning Dawn » est résolument sombre, oppressant et déprimant. On sombre au fil de l’écoute. Le désespoir tel une maladie incurable s’infiltre et pénètre chaque parcelle de notre âme. Le sublime côtoie le lugubre et l’espoir meurt dans la tristesse. La lutte est vaine, on sait que la délivrance ne viendra pas.
Les mélopées funèbres déroulent dans une atmosphère suicidaire, un long exposé de désespoir morbide dans lequel l’influence de « Shining» plus souvent proche de la période « Angst » que « The Eerie Cold » se dégage énormément. L’atmosphère fait penser parfois aux passages ambiants de « Deathspell Omega » sur le génialissime « Si Monvmentvm Reqvires, Circvmspice ».
On sent que le monsieur fait du Doom en temps normal, mais le style est ici résolument Black Métal dépressif. Au niveau des influences visibles on peux aussi citer bien sûr « Forgotten Tomb », mais aussi les Allemands de « Bethlehem » et sur certains passages lourds et certaines mélodies on retrouve un coté Katatonia de l’ancienne époque. Parfois dans les passages mélodiques posés comme sur la fin du deuxième morceau « From The Torrent and The Fountain », on pense à « Agalloch » sur « Ashes Against The Grain ».
Le splendide flirt romantiquement avec la mort dans cette pièce musicale incroyablement oppressante et prenante. Difficile de rester insensible, surtout que le chant de Laurent en grand chef d’orchestre emmène parfaitement « Mourning Dawn » sur les routes de la damnation. Quelle voix. Laurent chante incroyablement bien, ses cris torturés à la « Shining » sont excellentissimes et ses voix Black et Death ne sont pas en reste. Le monsieur sait utiliser ce qui va bien et se placer comme il faut, du grand niveau ! La qualité de sa voix et l’utilisation de ses cris torturés apportent incontestablement aux ambiances de « Mourning Dawn ».
Laurent a inclus de nombreux petits interludes vieillots semblant provenir d’un gramophone qui sont bien trouvés et rajoutent à la mélancolie de l’oeuvre.
Pas un morceau n’est en dessous et dès la première écoute, c’est le choc. C’est vraiment dommage que la production manque de puissance, on est habitué à ce style de son, mais la musique aurait mérité une plus grosse et meilleure production, surtout qu’il y avait une bonne base, tous les instruments se détachent bien. La musique est par contre un peu lointaine par rapport à la voix dans le mix, mais rien de dérangeant non plus pour l’écoute de ce petit bijou.
L’espoir est vain dans l’univers de « Mourning Dawn ». Cessez de lutter et sombrez vous aussi dans l’abîme. Un album majestueux à posséder. Prochaine étape la scène, afin de voir si le groupe saura retranscrire en live la quintessence de l’album.
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