AZRAEL Act III : Self + Act IV : Goat [ 2007 ] |
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Durée : 128.25 Style : Black Avant-gardiste |
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ORIGINALITE |
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Chronique : 01 mars 2007 , réalisée par ORPHANAGE | ||||
Le nouvel album d'Azrael, qui est en fait un double album, est colossal. Colossal d'un point de vue quantitatif, d'abord, parce que chacun des deux disques qui le constituent dure plus de 60 minutes. A l'heure où les albums de Black Metal classique se veulent plutôt bref pour accentuer leur impact, Azrael se démarque. Oui mais voilà, Azrael n'est pas comme tous les groupes. Azrael est Avant-gardiste, oui monsieur, et on ne rigole pas avec ça, je vous prie. Et puis musicalement parlant, le groupe se rapproche tout de même plus de l'école dépressive du Black dont je parlais récemment dans le cas de Xasthur. Les trois misanthropes de cette formation Américaine jouent bien plus sur les rythmes lents auxquels les formations anglo-saxonnes nous ont habitués, et même s'il est assez ardu de ranger son art dans une case précise, c'est du Suicidal/Depressive que l'on se rapproche le plus. Pourtant, on est hors de sphères précises, d'où l'appellation Avant-garde, particulièrement justifiée. En apparence, le projet d'Azrael est donc très ambitieux. Très, et, malheureusement, peut-être même un peu trop. On peut, maintenant, se demander pourquoi si peu de groupes se permettent de sortir des doubles albums aussi monumentaux, et l'on peut directement répondre que c'est parce que c'est trop difficile à digérer, trop exagéré, trop inaccessible, …trop tout. Si Azrael se renouvelait à chaque morceau, il n'y aurait pas de problème, mais ici, tout est beaucoup tout homogène. La recette est cela dit intéressante, et jamais vraiment explorée jusqu'à maintenant : nous sommes en présence d'un combo typiquement underground qui mélange à ses bases très Black Metal un néo-folk dissonant, un post-rock alambiqué et un prog metal tortueux. On devine directement que le résultat ne doit pas être spécialement "easy-listening", et on ne se trompe pas! Riffs et arpèges acoustiques malsains se succèdent, superposés par des cris Black du meilleur effet, secondés par une section rythmique tour à tour moribonde comme le plus empoisonné des Doom/Death et épileptique comme le plus orthodoxe des Black Metal. Et c'est comme ça tout le long de "Self", avec quelques petites lueurs diverses qui s'avèrent être des points d'accroche lumineux (citons l'intrigant "Unto The Eye" qui se fait bien désirer!), tant on les attend (surtout quand on est obligé d'écouter le disque en entier!). Finalement, "Self" est peut-être un pur produit du royaume des ombres que l'on ne peut réellement capter qu'après des écoutes multipliées et une immersion totale. Aussi ne peut-on pas le juger catégoriquement. D'ailleurs, juger une musique aussi compliquée ne serait rien d'autre que de la présomption! Et je ne doute pas qu'une élite aux oreilles bien préparées saura trouver son bonheur dans l'univers écrasant et cloîtré de cet Azrael au parfum de pierre tombale et de forêt vierge sous une nuit éternelle (des essences qui suintent réellement de ce gros bloc qu'est "Self", ce qui est plutôt un bon point!). "Goat" commence, et l'on se dit déjà que les choses se présentent sous un angle différent. La rythmique très proche d'un Agalloch qui sort de l'hibernation est plus dynamique, et les arpèges pertinents se marient très bien à la grosse rythmique Black efficace et au chant assuré. On est déjà dans un domaine plus accessible. Pas pour si longtemps : on retrouvera vite ces sections électro-acoustiques perturbantes et énigmatiques aux apparences de nœuds éternels : comment rentrer dans des agencements mélodiques aussi détraqués, aussi osés, d'autant qu'ils sont placés au tout premier plan? Le dernier album de Darvulia proposait une dimension mélodique tout aussi dissonante, mais judicieuse dans des formats de chanson plus courts et plus aptes à de tels comportements instrumentaux. On peut se demander à quoi joue Azrael : il est fort probable qu'il veuille repousser. Ou réinterpréter la beauté. Ou s'adresser à une élite qui le suivra avec la passion la plus folle. La ligne de conduite est donc clairement orientée dans l'extrême, autant pour la violence musicale ponctuelle que l'inaccessibilité mélodique et le format adopté pour cette nouvelle sortie. De points de vue impatients à son égard ou peu habitués à des sonorités aussi difficiles, "Self/Goat" peut donc très probablement s'avérer être un album particulièrement chiant. Chiant, sans vraies émotions, sans relief. Pour ceux qui sont préparés, pour ceux qui ont le plus profond noir dans le cœur, pour ceux qui connaissent le genre, pour ceux qui aiment le Suicidal, il y a très certainement quelque chose à approfondir dans cet amas blasphématoire – j'y ai personnellement trouvé de belles transitions acoustique/électrique, des dialogues musicaux intenses et des énigmes à résoudre. Alors, pour ce qui est d'un long terme que l'on ne peut connaître dès maintenant, laissons vraiment à Azrael le bénéfice du doute. |
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