CHRONIQUES ALBUMS

Après avoir mis un terme à l’aventure Godflesh il y a de cela quelques années, Justin Broadrick est revenu régulièrement rendre visite à nos enceintes chéries ces derniers temps avec des productions toujours de bonne qualité, mais avec aussi un petit coté élitiste et donc pas toujours évident d’accès pour l’auditeur peu ou pas trop concentré sur le « trip » des britanniques. Entendez par là une musique lente et plombée au « fog » londonien et surtout empreinte d’un « spleen » récurrent, matinée de nombreuses mélodies inspirées et surtout froides comme la mort ! Qu’en est il donc du petit dernier sobrement intitulé « Conqueror » et de son artwork énigmatique ?

Une fois l’exploration plus en profondeur de la chose lancée, certaines constatations s’imposent :Tout d’abord ce pavé d’environ 57 minutes se révèle beaucoup plus soft et pop que les dernières réalisations, le coté glauque pourtant si apprécié à été mis légèrement de coté pour laisser place à des sonorités plus veloutées, plus mystiques, plus prompts à provoquer chez l’auditeur un voyage vers son moi le plus profond, un grand et long voyage au cœur même de l’esprit humain dans ce qui la de plus inaccessible. Attention cependant à ne pas pousser l’expérience trop loin car ce disque peut se révéler rapidement anxiogène et provoquer un certain malaise, surtout si la pluie s’est invitée dans votre cœur … paradoxalement le principal géniteur et maître de torture assure que le propos, la substance première est avant tout un acte d’amour, et ne cherche que la paix des âmes. Difficile pourtant de ne pas se sentir déstabilisé par les différentes harmoniques utilisées et la voix tout en linéarité de Justin, le son quand à lui d’une limpidité presque suspecte renforce l’atmosphère fantomatique de l’œuvre…

Périlleux voir impossible de définir avec précision la densité et le coté monolithique de cet opus. Une fois de plus Jesu risque de surprendre par sa richesse d’exécution, mais risque aussi de déplaire à bon nombre, car il n’est pas donné à tous le monde d’intégrer l’univers délicatement étouffant des anglais, surtout pour les non-initiés.. Bon voyage.