CHRONIQUES ALBUMS

Ah, le Black Metal Païen! Peut-être ce genre n'est-il pas reconnu au grand jour comme étant une grande branche du Metal, il est pourtant particulièrement visité par des groupes passionnés par la Nature, les mondes imaginaires elfiques, les forêts, bref, tout un folklore que l'on connaît bien, et que le Black Metal explore à sa façon. C'est-à-dire, avec brutalité (toujours) et sens de l'aspect sombres de choses (systématiquement).

Trollech, ceux qui se sont penchés sur l'univers du Pagan doivent en avoir entendu parler. Ils ont une solide communauté de fans dévoués, alors que leurs origines et le style sans compromis pratiqué ne laissaient pas supposer une telle démarcation, mais la reconnaissance est pourtant bien là. Il faut dire que le groupe sillonne l'underground Metal extrême depuis un peu moins d'une décennie, et son nouvel album, "Skryti v mlze", ce qui signifie "Hidden In The Fog" soit, "caché dans le brouillard" pour les non anglophones, est le témoignage d'une ligne de conduite intègre et passionnée. Jalonné de mélodies riches et entraînantes, parfois totalement joyeuses, à l'instar de ce que l'on trouve couramment chez un Korpiklaani, ce nouvel opus bénéficie d'une production tout à fait satisfaisante, très légèrement grésillante, mais cela souligne l'aspect underground de l'ensemble, et l'on peut sans mal savourer des qualités de composition honorables : les riffs sont souvent bien trouvés sans faire preuve d'une originalité incroyable, les vocaux bien haineux semblent tout droit sortis de la gueule d'un Troll ivre, et l'ambiance obtenue est bien celle d'une forêt fantastique. Ainsi, la force évocatrice de l'ensemble ne souffre d'aucun faux-pas, et l'on peut sans mal dire que le but de Trollech est atteint. Il ne révolutionnera pas le monde de la musique, mais a prouvé, d'une part qu'il sait composer un Pagan/Folk Metal tout à fait intéressant et sans réel confrère semblable sur la scène Metal, d'autre part qu'il sait très bien ne pas se prendre au sérieux et ne se sent pas obligé de jouer des mélodies de lead-guitars mineures ou horrifiques. Ce qui est un bon point, et fait office de bouffée de chaleur dans un monde Metal parfois un brin trop oppressant.

On appréciera sans mal les avantages divers et variés d'un album qui a su se faire attendre, qui a patiemment attendu d'être achevé pour offrir toutes ses senteurs purement forestières, et qui ne souffre d'aucun réel défaut, ni d'aucune faute de goût. La note ne peut être supérieure car la palette de sentiments abordés est trop faible et les compositions, malgré leur côté très agréable, ne sont pas non plus à tomber par terre. Juste un (très) bon moment à passer, surtout pour les fans de Pagan Black.