CHRONIQUES ALBUMS

Voilà une démarche pour le moins incongrue, jugez par vous-mêmes : interpréter et réarranger certains titres d’une formation culte de Metal extreme, dans le cas présent, Dismember, en les habillants d’une parure folk Rock. C’est un fait notoire, l’audace de l’artiste intelligent autorise à ce genre de digressions et ouvre les portes de la surprenante créativité, puisse le résultat final être en adéquation avec cette volonté farouche et louable de faire "autrement".

Il s’avère justement que ce petit exercice de style est grandement réussi. L’inventivité, bien que dominant dans l’exercice, n’estompe pas le savoir-faire de Tony Naima, homme ô combien talentueux et inconnu de nos contrées, jusqu’à aujourd’hui. On pourrait se risquer, dans le fond, à une analogie avec Apocalyptica et sa volonté de rendre hommage aux plus grands, pour la forme, Tony Naima et sa troupe sont allés infiniment plus loin dans l’expérimentation et la singularité. Méconnaissables et transfigurées les compositions des Suédois prennent tour à tour des allures Folk, Electro, Rock, Blues, Country, Pop. Tout y passe, violons, cuivres, accordéons, distortions, traditionnels suédois. On y croise les fantômes de Beck, des Stooges, de Deep Purple et des Beatles, les références stylistiques et clins d’œils sont nombreux, il est, dès lors, certain qu’on ne pourra pas taxer Tony Naima d’avoir œuvré dans la facilité d’expression et le convenu agaçant. L’étalage instrumental et la richesse des orchestrations laissent pantois et aussi incroyable que cela puisse paraître, ce melting-pot, sans précédent, reste digeste à l’infini.

Les plus réactionnaires d’entre vous dénigreront probablement l’hardiesse d’une telle fantaisie artistique, à contrario, l’auditeur affable et un tant soi peu réceptif aux idées innovantes offrira une place de choix à un tel disque. Insolite, protéiforme et ingénieux, une réalisation aussi originale que pertinente.