I SHALT BECOME Wanderings [ 2006 ] |
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Durée : 52.00 Style : Raw Black Ambient |
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Infos :Contient également des reprises de BURZUM et JUDAS ISCARIOT | ||||
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Contact groupe : | ||||
ORIGINALITE |
TECHNIQUE |
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EMOTION |
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Chronique : 29 novembre 2006 , réalisée par ORPHANAGE | ||||
Pour des non-initiés, le Black Metal sera décidément une musique bien difficile à comprendre pour toujours! Sublime moyen de faire passer des émotions sombres pour les uns, bruit insupportable pour les autres…on sait bien que les tympans n'acceptent pas tous la musique de la même façon et que chacun peut déceler des émotions bien spécifiques dans des genres pas toujours beaux dans la plastique. Ecouter l'album d'I Shalt Become, seule œuvre que le solo-project d'un illustre inconnu américain (S. Holliman), entraînera sûrement des fans de Black Metal à s'interroger sur l'intégrité, le côté énigmatique ainsi que la musicalité de leur genre de prédilection. C'est simple : même en sachant qu'il a atteint un statut totalement culte dans la scène Black, on a bien du mal à rentrer correctement dans ce "Wanderings", grésillant au possible, probablement volontairement sous-produit, laissant la résonance des arpèges électriques lancinants prendre le tout premier plan de compositions étouffantes et valétudinaires. Le fan de Black habitué aux instrumentations maltraitées et aux productions très sales pourra très certainement prendre I Shalt Become à sa mesure : un grimoire d'une finesse époustouflante, une œuvre poussiéreuse jalousement gardée dans une crypte, qui offre ses sombres secrets à celui qui en est capable. Car l'album est éprouvant : mal agencé, malade jusque dans ses moindres notes, alors que la batterie agonise en arrière plan, presque imperceptible si ce n'est pour ses cymbales incantatoires, "Wanderings" fait présent, à qui prend la peine de les recueillir, de mélodies hallucinantes de tristesse (cela frappe dès "Fragments", d'une mélancolie sublime) et de dépression. Le grésillement les prive d'air, les plonge dans une léthargie qui entraîne l'auditeur dans une sombre paresse qualifiable de rêverie comatique. "Wanderings" est sévère et ne se donne pas à n'importe qui, il faut de la patience pour pouvoir pénétrer un univers funéraire, désespérément caressant et oppressant, et étonnamment proche d'une nature païenne onirique. Alors que la basse se noie dans des arpèges très lents et que la voix lointaine et hurlée tente de se frayer un chemin dans une obscurité qui la rattrape, la musique poursuit sa course endeuillée ("Her Demons" est une merveille qui révèle bien toutes ces images) : la technique y est. Tous les éléments sont là, le processus de composition est idéal et évoque inévitablement le Burzum de l'époque "Burzum/Aske". La venimeuse misanthropie de Vikernes prend chez I Shalt Become un esprit encore plus désespéré, et alors que Burzum est plus nihiliste, I Shalt Become semble communiquer un malaise loin de toute résignation, l'artiste hurle sa tristesse et peste contre la faiblesse des hommes. Pourtant, cet album est labyrinthique et écrasant. Pas écrasant comme peut l'être le Funeral Doom, loin de là, mais tellement mal produit et sous-mixé que cela devient un parcours du combattant de saisir les fondements des titres : point d'accords ici, simplement des notes suraiguës qui fanent sans pouvoir lutter, inexorablement. Ce qui fait la force et le culte de "Wanderings", c'est la prodigieuse âme qu'il contient et qu'il exhale. A chaque instant, même dans les légères accélérations rythmiques ("Labyrinthine"), on perçoit la haine et la dépression, ce qui pourrait permettre qualifier cet album de Suicidal Black Metal, à l'instar de Xasthur. On ne peut plus brut dans le son de cave, difficilement supportable pour qui n'a pas l'habitude, l'album est un bijou de misanthropie et de désespoir qui, au-delà de toute apparence, est une véritable mine de musicalité, plein de subtilités. Il est étonnant que la forme de l'œuvre suggère d'aller au-delà des simples apparences alors qu'I Shalt Become est reconnu comme un groupe de la branche NSBM...encore l'une de ces multiples contradictions qui font que les gens de cet univers peu fréquentable ne sont pas spécialement cohérents! "Wanderings" reste un chef d'œuvre, qu'on se le dise, mais il ne faut surtout pas l'aborder à la légère, il est extrêmement rédhibitoire à première vue. |
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