CHRONIQUES ALBUMS

Anaal Nathrakh fait partie de ces groupes, qui n’ont jamais été, et qui ne seront jamais au devant de la scène et qui pourtant ont une fanbase et une réputation solide. Le duo Britannique revient en cet automne 2006 avec 'Eschaton' son troisième album, qui va encore plus loin dans la violence et la folie, que leur dernier CD, le puissant Domine Non Es Dignus.

La formule est la même que par le passé, les riffs sont rapides et les guitares particulièrement agressives. On notera que Irrumator, le guitariste du groupe a fait d’excellents progrès, notamment sur le titre 'Between Shit And Piss We Are Born' qui laisse entrevoir un passage en tapping et un solo mélodique dans la plus grande tradition du Heavy. Ses prouesses techniques en revanche sont uniquement à la guitare puisque Irrumator a définitivement arrêté la basse pour la laisser à un des musiciens les plus productifs du métal, à savoir Shane Embury le bassiste de Napalm Death. Pour être honnête, la différence se sent puisque la basse à un son nettement plus saturé que par le passé et est considérablement plus mise en avant, comme sur le titre 'The Yellow King' dont le sample d’homme dévoré par un monstre est terrifiant. « Et la batterie me direz-vous ? » Je vous répondrais que la formule n’a pas évoluée non plus, et qu’il s’agit encore d’une boîte à rythmes. Il ne faut toutefois pas prendre cela pour un défaut puisque possédant un son tout sauf synthétique, on pourrait croire totalement au jeu d’un vrai batteur. D’ailleurs en 2005 et 2006 Anaal Nathrakh a effectué quelques concerts avec Danny Herera le batteur de Naplam Death, derrière les fûts.

Abordons à présent le sujet du chant qui n’a pas beaucoup évolué à quelques détails près. Tout d’abord les trois quarts du temps V.I.T.R.I.O.L, hurle de sa voix black terriblement écorchée et inhumaine tout comme dans les précédents albums et alterne par moment avec un chant Death-grind aspiré. Anaal Nathrakh est un groupe expérimental, c’est pourquoi 'Eschaton' présente sur au moins trois titres des lignes de chant très Heavy-épiques, assez médiévaux, qui peuvent évoquer Raphsody, bien que V.I.T.R.I.O.L ait un timbre nettement plus grave. Notons la présence au second chant d’Attila -le chanteur de Mayhem- qui avait enregistré l’album culte du groupe De Mysteriis Dom Satanas en 1992 : c’est vous dire la qualité des invités que s’offre Anaal Nathrakh. Bien qu’il soit au second plan, Attila apporte beaucoup à certains titres, notamment sur 'When The Lion Devour Both Dragon And Child', où sa voix de possédé surenchérie le côté industriel et chaotique de ce titre.

Malheureusement, au bout d’une courte demi-heure se termine ce nouvel opus du duo de Birmingham, qui a associé à sa folie à des musiciens reconnus de l’univers du métal afin de rendre leur musique encore plus puissante. Même si Anaal Nathrakh n’a pas fondamentalement modifié sa manière de fonctionner on remarque plus d’influences Heavy que par le passé, ce qui apporte tout de même un peu de fraîcheur à leur musique, reconnue pour être sûrement l’une des plus violente au monde.