Né des cendres de groupes tels Medulla Nocte et Raging Speedhorn, Murder One officie dans une forme assez brutale de metalcore. L’agressivité relative aux Anglais interpelle dès les premières minutes d’écoute et l’on peut avancer avec assurance, qu’il sera difficile d’apercevoir dans cet effort la moindre trace de douceur contemplative et d’arpèges planants.
Très incisif dans l’expression, Murder One se caractérise tout d’abord par la présence de deux vocalistes aux timbres, ma foi, très complémentaires et qui n’est pas sans rappeler les excellents français de Black Bomb A. D’ailleurs, sur certains passages, la filiation avec le groupe hexagonal est assez évidente. Contrairement à ces derniers, le schéma dans la construction des titres, est malheureusement assez chaotique et l’on bataille en vain afin de déceler le fil conducteur auquel se raccrocher. Et quand ces points de repère, essentiels à l’appréciation d’un disque sont imperceptibles, qu’en advient-il ? Ben pas grand-chose, l’effort de compréhension a des limites que la raison connaît et le décrochage suit indubitablement. Des titres comme "On screen rapist" et "Born with tourettes" avec ses fuck you insupportables illustrent parfaitement cette platitude et l’absence de force persuasive dont je faisais allusion auparavant.
Le tableau n’est pas aussi sombre que je pourrais le laisser paraître car ici et là jaillissent de bonnes idées, notamment sur les très bons "Start of the war" et "Call that never came". Malgré ces quelques minutes intéressantes et ces mouvements bien amenés, les éclairs de génie sont bien trop rares et le sentiment dominant reste immanquablement l’ennui. L’énergie et l’authenticité dans la démarche, bel et bien présente tout au long du disque, manquent à être canalisées et organisées intelligemment. Car dans le cas présent, force est d’admettre que les notes ne sont pas arrangées mélodiquement dans le bon sens, ce qui a pour incidence de donner à ce premier essai des allures de soupe indigeste. Signalons toutefois un travail de production respectable et approprié signé Dan Turner qui réussit, dans cette cacophonie, à sortir son épingle du jeu.
Un album qui est qualitativement à l’image de sa pochette : un tantinet limite et sensiblement inconsistant. Murder One possède un potentiel certain, nul ne le contestera, encore faudrait-il pouvoir se donner la peine de le rendre pragmatique.
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