IOTUNN
Kinship [ 2024 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 66.00
Style : Death mélodique
  Infos :
  Contact label : https://www.metalblade.com/us/
  Contact groupe : https://www.facebook.com/iotunn https://iotunn.bandcamp.com/album/kinship
 
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 24 octobre 2024 , réalisée par TomHunter
   
IOTUNN - Kinship


« Iotunn » signifie Géant en vieux norrois (langue scandinave datant de l’époque médiévale). Il est vrai qu’au Danemark, on croise quelques immenses bonshommes mais le quintette du jour se veut également grand par l’empreinte qu’il laisse derrière lui tant leur musique est conceptualisée, magnifiée par l’ambiance recherchée et malgré tout belle et bien attachée au death mélodique.

Quel plaisir de retrouver la voix de Jón Aldará après cette éternité qui nous sépare de ce mois de février 2021. La découverte - donc relativement récente - de ce groupe de death mélodique teinté de progressif m’avait totalement boulversé à l’époque, une oeuvre qui tombait à point nommé pour un mélomane en quête de voyage sensoriel. Ces moments dans la vie sont intenses et mémorables, un coup de foudre, un désir profond assouvi, une réussite personnelle, ou encore la sortie d’une oeuvre qui fait renaître en nous quelque chose de perdu, d’inanimé.
« Access all worlds », le précédent et premier album des danois avait ainsi créé cet émoi lors de sa sortie, vivement conseillée par un ami amateur du genre.
C’est donc avec la plus grande attention que je me suis penché sur cette nouvelle galette où le groupe tisse un lien fort et admirable avec ses racines, la parenté plus particulièrement (kinship).

Le chanteur et compositeur Jón Aldará étonne toujours autant par son chant clair, poussif et jouissif. Les instruments se calquent à merveille sur la tonalité ainsi chantée, criée ou growlée. En effet, on retiendra plus des vocaux limpides et hauts que des refrains gutturaux, et c’est bien là que Jón nous expose sa magie et sa technique de poser ça et là les agrégats de ses compositions.

L’ouverture débute en clear guitar, suivie du chant lancinant et mélancolique, progressif et soufflé (laissant penser à Anathema), lui-même précédé par les guitares en écho (type Amorphis, Insomnium par moments). Après deux bonnes minutes d’accalmie, la première élégie met en place son orchestre, et ainsi les danois démontre d’emblée leur force harmonique. Les guitares presque astrales sont bien calibrées tandis que la voix n’attend qu’à faire progresser les autres instruments, de l’enchaînement haut de gamme. Les presque 14 minutes de ce titre des plus complet et identifiable au groupe réconfortent au plus haut point quant à la ligne conductrice que prendra « Kinship ».
« Twilight » assène le (second) commencement avec un riff influencé par Primordial. Le growl se pose souvent comme une introduction au chant clair de Jón qui monte en tonalité et crée ainsi le crescendo et ce phénomène de montée en puissance. « I feel the night » dépeint cet effet très clairement. « The coming end » pourrait sobrement être qualifié d’anthologie par le simple fait que tout les ingrédients de l’identité de IOTUNN sont présents, mais cette fois-ci avec un combo batterie - guitares plus perfectionnés.

Comme tout grand groupe de metal, les musiciens nous proposent une balade aux trois quarts de l’album, à laquelle succède « Earth to Sky », où comment passer de l’ombre à la lumière, un son presque black se transformant en une canopée mélodique qui culminera à des millions de kilomètres de nos forêts.
On peut également s’alerter d’un second relent black metal sur « The Anguished Ethereal » sur lequel Jón Aldará ajoute une corde à son arc. Sur la première moitié du titre, un lointain arrangement à la Solstafir surgit dans le jeu de guitare. La noirceur s’étend peu à peu sur ce titre où l’on passera en revue les multiples émotions qui nous ont traversé tout au long de l’album.

Jusqu’à la dernière note, IOTUNN nous mènera vers son ascension céleste et ce sera seulement une fois arrivés là haut que l’on se rendra compte de l’immensité de notre monde. Ainsi, on peut imaginer l’humain représenté par la nature terrestre sur l’artwork, rattaché à des galaxies minuscules et accessibles. A noter que Brian Ames, designer pour Metal Blade Records, chez qui sort ce jour de 25 octobre 2024, et l’artiste Saprophial ont contribué aux dessins et artworks qui subliment l’oeuvre.


Plus les écoutes de cet album défilent et plus de nouvelles émotions émergent : la mélancolie sur « Iridescent way », l’espoir, l’envie de voyager grâce à « Twilight », sentiment de puissance et d’intensité fugace également avec l’appui de l’ensemble harmonique mais aussi dans les échos proposés sur « I feel the Night » par exemple. Les guitares sont toujours présentes pour relever le menton d’un Jón désabusé dans son texte. L’une des forces de ce groupe est surtout présente dans ces enchaînements somptueux.

IOTUNN propose un death mélodique plus orchestral et donc plus chaleureux que le froid finlandais d’un Insomnium ou l’aspect belliciste d’un Wolfheart, où les danois prennent ici et là quelques influences et y rajoutent leur poésie.
D’ailleurs, le souvenir de l’enchaînement des deux premiers titres sur l’album « Shadows of the dying sun » d’Insomnium se compare à l’introduction de cet album.

IOTUNN revient donc en grande force avec des compositions léchées et un agencement sonore parfait.
Je suis incapable d’élire le meilleur album des danois à ce jour car lorsqu’on sort deux chef-d’oeuvres en moins d’une décennie, je suppose que de nombreuses écoutes sont nécessaires à ce jugement. Quant aux admirateurs déjà conquis par « Across All Worlds » et « Kinship », l’espoir se dessine désormais sur une performance scénique dès l’année prochaine…




Lineup :
Bjørn Wind Andersen : Batterie
Jesper Gräs : Guitare
Jens Nicolai Gräs : Guitare
Jón Aldará : Voix
Eskil Rask : Basse







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