CHRONIQUES ALBUMS

Un peu de patience, c'est ce qu'il nous aura fallu pour enfin écouter un nouvel album de MACHINALIS TARANTULAE. En effet, le duo composé de Justine RIBIÈRE et Miss Z sort son troisième album cette année, soit sept ans après « Diptyque » et dix ans après son premier opus, « Tabularium ».

« Traum » est typiquement le genre d'album qui mérite une attention particulière. Mélanger la viole de gambe électrique avec des machines et de la guitare électrique n'est pas chose courante. Cela dit, on ne voyait pas non plus tous les jours des guitaristes utiliser des archets à l'époque de Jimmy PAGE, pas plus que l'on n'imaginait un groupe de violoncellistes reprendre du METALLICA avant APOCALYPTICA. MACHINALIS TARANTULAE, depuis dix ans, nous offre un territoire sonore unique où se mêlent un instrument du XVe siècle et une modernité absolue, le tout servi par une production impeccable.

On entre dans le vif du sujet avec « Traum ». Entre clavier trafiqué, viole de gambe, beats electro, guitares saturées et chant en allemand, MACHINALIS TARANTULAE nous ouvre les portes de son univers singulier. L'ensemble n'est pas des plus lumineux, mais cela n'étonne guère. Entre esprit cinématographique et déviances punk, le duo nous embarque dans un voyage vers son monde, jusqu'à la Lune avec « To The Moon ». Quelques figures de la scène française ont même trouvé une place sur ce disque. Clem-X et SHAARGHOT sont en effet invités sur le titre « Witch ». L'esprit est ici résolument plus punk, un punk à l'ancienne qui, d'une certaine manière, rappelle la simplicité musicale d'un BÉRURIER NOIR modernisé à la sauce électro. Ces racines, MACHINALIS TARANTULAE a su les réactualiser et les transformer. Il est particulièrement agréable de retrouver cette bande sur ce titre. On n'oublie pas que Miss Z a fait partie de PUNISH YOURSELF, et s'il y a bien un groupe qui a repris le flambeau en France, c'est SHAARGHOT.

On poursuit cette charmante ballade aux couleurs sépia, un peu comme dans les vieux films fantastiques, avec « Confina Mundi » et « Giant Stones ». Ces titres seraient parfaits pour une balade dans un cabinet de curiosités. Le duo, par sa musique, nous incite à imaginer des images mentales, et ses visuels vont clairement dans ce sens, même si l'énergie de « Giant Stones » pousse un peu plus la dynamique. Je me suis toujours dit que Miss Z et LES TAMBOURS DU BRONX avaient quelque chose à faire ensemble. Eh bien, c'est fait, et cela s'appelle « Time Stand ». Je me réjouis de voir ces artistes collaborer de cette manière. On peut dire que les deux featurings de cet album sont particulièrement réussis, aussi bien sur le papier qu'à l'écoute. Ces trois formations apportent quelque chose d'intéressant au paysage musical français, loin du mainstream, avec des démarches singulières. Retrouver ces artistes réunis le temps d'un morceau renforce les liens naturels qui existent entre ces formations et offre au public des titres des plus captivants. On apprécie autant la démarche que le résultat.

On poursuit avec « Tempus » avant de conclure avec « Archers Are Blind », qui vient clore ce voyage onirique des plus singuliers.

MACHINALIS TARANTULAE a pris son temps pour sortir cet album, mais on pardonne le duo. La qualité est au rendez-vous, voire au-dessus des attentes. On ne peut que recommander de se pencher sur ce disque, en espérant voir rapidement le combo sur scène.