CHRONIQUES ALBUMS

Deuxième album des Français de Blind Destiny, ce disque de metal progressif surprend par l’utilisation de textes en français, contrairement au premier album chanté en anglais. Étrangement, ce choix ne choque pas, évoquant les derniers albums d’ADX, Titan, et Vulcain.

Dès le départ, la pochette promet un univers unique et intimiste, ce qui donne l'eau à la bouche. Si le premier album s’approchait de groupes comme Dream Theater ou Opeth, ici nous découvrons un style propre au groupe, avec des riffs et un chant personnels, une écriture parfois chargée et des rythmiques prog mais accessibles... en apparence.

Hélas, la déception arrive vite, avec des enchaînements de riffs et de breaks sans réelle cohérence, surplombés par la voix traînante, poussive et omniprésente de Vincent. Il pousse souvent dans les médiums aigus avec une maîtrise assez faible. Bien qu’il soit le cerveau du groupe, l’ensemble gagnerait à être épuré de sa voix pour plus de nuances et de respiration. Les textes sont chargés, presque trop de mots pour les lignes écrites, comme dans l’excellent « Crépuscule contradictoire », où le rock fusion se mêle bien avec un feeling jazzy bluesy. J’ai toujours peur qu'il n'arrive pas à finir ses phrases tant il y a de mots. Le chant est limite faux sur certains passages de « L’Équilibre », ce qui nuit à la musique.

Cependant, basse et batterie (Maxime et Andrea) fonctionnent à merveille, proposant de beaux moments à l’unisson et une maîtrise hallucinante pour peu qu’on s’attarde sur leur travail.

Vous pourriez croire que je n’ai pas aimé cet album, mais détrompez-vous. Il est musicalement excellent, comme le montre « Dystopie » avec son côté FFF, ou encore le brûlot « Exode Mental », parfait en tous points. Le duo de guitares Vincent/Mattias fonctionne en osmose, avec des mélodies inspirées et uniques, alternant des riffs à la Devin Townsend (période Terria) et des moments très jazzy.

Peut-être apprécié-je moins le metal prog depuis un certain temps. Peut-être que Blind Destiny abuse des recettes du style en empilant des couches de riffs et de rythmiques pas toujours mélodieuses, parfois même dissonantes. Cette « Utopie Temporelle » me laisse une humeur mitigée après trois écoutes, sans envie de revenir y chercher des subtilités. Les esprits ouverts et aventuriers de la musique pourront apprécier ce disque qui, je le redis, est loin d’être mauvais. Je salue cette performance artistique de haut vol, mais elle ne m’a pas convaincu en totalité. À vous de vous faire une idée maintenant !

Line-up :
Andrea Moretti: Batterie
Mattias Eyherabide: Guitares
Maxime Beaucé: Basse
Vincent Courseaux: Chant / Guitares