CHRONIQUES ALBUMS

J’avoue, j’ai connu ce groupe sur le tard. Ayant dix-sept ans d’existence et avec ce sixième album fraîchement sorti, j’ai commencé à m’y intéresser grâce à la participation de la chanteuse Brittney Slayes au dernier Star One, il y a plus d’un an. De plus, depuis le visionnage du tout nouveau DVD d’Ayreon, "Live Beneath the Waves", où elle est invitée à donner de la voix parmi tous ces grands artistes de renom, j'ai été impressionné. Non seulement elle ne démérite pas au milieu de tous ces talents, mais elle réussit à éclipser les voix originelles des chansons qu’elle interprète. Quelle voix, quelle prestance !

Épique est le mot qui me vient à l’esprit lorsque j’écoute ce groupe canadien anglophone, originaire de Vancouver si je ne me trompe pas. Mais pas dans le sens des Rhapsody et consorts avec tous ces dragons, chevaliers et autres trolls maléfiques. Plutôt dans la lignée des Helloween, Stratovarius et Kamelot, avec un petit quelque chose de moderne en plus.

Je ne vais pas mentir, ce nouvel album n’est pas mon préféré. Je pense que les deux précédents, "Apex" et surtout "Abyss", sont à plusieurs lieues devant en termes de qualité et d’originalité. Ce "Phantoma", néanmoins excellent en tout point, sonne beaucoup plus commercial, en ce sens que les refrains sont plus calibrés et faciles à retenir.

Dès le morceau d’entrée, "Human Era", on sent un apaisement et une maîtrise de leur musique, mélodieuse à souhait et interprétée avec brio, les instruments et la voix en osmose totale, dotée d’une belle touche progressive par moments. Le feeling de "Buried in Code" me fait carrément penser au dernier Amaranthe, et le gros son de "Gods in Decay" avec ce gimmick de claviers récurrent rappelle le meilleur de Firewind. Rassurez-vous, ils nous assènent encore de grands moments de power speed mélodique comme "Ph4/NT0mA", "The Collective" et "Green and Glass", interprétés avec majesté. Chapeau bas pour le batteur Scott Buchanan, toujours aussi hallucinant de régularité. Toutefois, la face extrême du groupe reste anecdotique, avec beaucoup moins de scream (par le guitariste Grant Truesdell) qu’auparavant, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Les guitaristes Andrew Kingsley Saunders et Grant Truesdell se régalent toujours avec des rythmiques alambiquées et des solos virtuoses et inspirés. Quant à Brittney, que dire de sa superbe voix à la tessiture impressionnante, dont on entend tout de même moins le côté systématique des grandes envolées suraiguës. S’est-elle un peu assagie et a-t-elle mis la qualité mélodique en premier lieu au détriment de la démonstration technique ? Pas sûr…

La tendance AOR se confirme avec "Give It Up or Give It All" et le tubesque "Ghost in the Mist", clairement à l’encontre de ce qu’ils nous proposent habituellement, mais c’est tellement bien composé et interprété que ça passe tout seul. Le chant est mélodieux, les refrains efficaces, les lignes recherchées, et les musiciens assument totalement cet écart plus « easy-listening ». Mais comme pour me faire mentir, "Seeking Vengeance" ravage tout sur son passage avec ses rythmiques ultra-rapides, proches du blast-beat, et le chant saturé n’a pas dit son dernier mot en s’invitant tout au long du morceau.

"Blood Empress" enfonce le clou et prouve que malgré cette baisse d’intensité et une volonté de ravir le plus de monde possible, Unleash the Archers n’en ont pas moins oublié leur identité propre. Il n’y a qu’à visionner leurs extraits de concerts en vidéo pour s'en rendre compte.

Après les récentes découvertes d’excellents groupes « female-fronted » comme Elyose, Beyond the Black, Smackbound, Alterium, Walk in Darkness, et Secret Rule, voici mon nouveau groupe préféré, rien de moins ! Et une fois de plus, merci mille fois à Arjen Lucassen pour sa musique flamboyante, dont les divers projets (Ayreon, Star One, Stream of Passion, Plan Nine) mettent en avant le talent de tous les vocalistes, nous permettant ainsi de mesurer leur capacité ailleurs que dans leur groupe habituel.