CHRONIQUES ALBUMS

« Jack Blues Metal ». Peut-être n’aviez-vous jamais entendu ce terme auparavant, et par conséquent, jamais non plus entendu parler de Y.Blues, puisque c’est aux musiciens de ce groupe grenoblois que l'on le doit. Y.Blues, c’est un mélange de blues et de country qui sent bon le whiskey et transpire le Tennessee. Mais que vient faire le metal là-dedans, pourriez-vous à juste titre demander ? Eh bien, pour faire court : tout. Y.Blues, c’est la symbiose parfaite du blues rock de Memphis et du metal en fusion qui coule dans les veines de ses membres ; le tout, et cela contribue grandement au grandiose de la chose, entièrement acoustique. Fort de déjà trois albums depuis « The Arrival » paru en 2013, Y.Blues revient cette année en force avec son dernier-né : l’intrépide « Adrastia » !

« Fall » ouvre le disque et saisit l’auditeur à la gorge au bout de seulement deux petites secondes, à grands coups de double pédale et d’un growl des cavernes qui annoncent directement la couleur ! Ouch ! Le style est résolument lourd et puissant alors que le titre alterne avec fluidité les parties de chant hurlé, de growl et de voix claire dans un groove à la Machine Head qui cogne fort ! La présence de Clément Casagrande, qui prête sa voix sur ce « Fall » et sur « Out of Line », vient enrichir le panel vocal déjà très large du groupe pour un résultat remarquable ; l’exécution et l’équilibre entre les différentes parties vocales tout au long du disque lui confèrent en effet un superbe relief et une dynamique qui ne faiblit pas. Le chant guttural et éraillé de Yaiba et les démonstrations de Spike, impressionnant, qui jongle comme si de rien n’était entre voix claire et growls écrasants, se répondant et se complétant tout naturellement. « Way Down South » accueille quant à elle un chœur d’invités (Shanti Gronfier, Kevin Deguy et Mahina) dont la diversité des tessitures ajoute encore davantage de profondeur vocale à la chanson, un peu dans le style des derniers Whiskey Myers, et ça sonne merveilleusement bien ! L’album est globalement très rythmé et plutôt rapide, à l’instar des effrénées « Euphoria » et « Out of Line », ou encore « Overshot », dont le langoureux pont ne fait qu’exacerber la puissance de la claque que vient mettre le titre lorsque le rythme repart à toute allure. Headbang imparable ! « Legend in Chaos » et ses plus de sept minutes font presque office de ballade au beau milieu de ce déferlement, tandis que « Sixth Report », sur laquelle figure le rappeur James Pak, se démarque très largement par le style qu’elle aborde ; que l’on adhère ou non, il faut lui reconnaître une qualité certaine et une originalité parfaitement assumée.

Les attaques de Yaiba sur sa guitare acoustique font toujours aussi mouche et, mieux que n’importe quel effet de saturation, magnifient l’album en lui conférant cette vibe caractéristique, si évocatrice des campagnes américaines et de ses routes à perte de vue qui donnent d’irrésistibles envies de les avaler à dos d’une grosse cylindrée. Cet « Adrastia » est une franche réussite et une nouvelle démonstration, sans équivoque, du talent créatif et technique des membres de Y.Blues, qui poursuit son chemin sans faiblir. À découvrir d’urgence !