CHRONIQUES ALBUMS

Un vent de Finlande souffle sur la sphère folk metal en ce début de printemps : annoncé en fin d’année dernière et dévoilé petit à petit au travers de trois singles publiés au cours des trois derniers mois, le douzième album de Korpiklaani, "Rankarumpu", est arrivé ! Trois ans après "Jylhä" et alors que le combo semble peiner à convaincre depuis quelques années, se voyant reprocher par beaucoup des chansons trop lentes et des albums traînant en longueur ("Jylhä" en 2021 et "Kulkija" en 2018, particulièrement), ce nouvel opus du groupe fut annoncé par son chanteur et leader Jonne Järvelä comme plus rapide, « un peu comme le vieux Korpiklaani ». Que ce soit avec crainte, espoir, ou les deux, une chose est donc certaine : Korpiklaani est attendu au tournant et la sortie de "Rankarumpu" est un immanquable de ce début avril !

Relever le caractère festif de la musique de Korpiklaani serait évidemment un pléonasme, mais tout de même ! L’album entre directement dans le vif avec la très enjouée "Kotomaa" et ses refrains hyper accrocheurs ; un concentré de puissance dont l’intensité va crescendo pour culminer en un superbe solo de violon, partagé dans sa seconde moitié avec l’accordéon. Il convient de souligner que "Rankarumpu" est le premier album du groupe enregistré avec le violoniste Olli Vänskä, déjà connu pour son travail dans Turisas et qui tourne avec Korpiklaani depuis l’été 2021, lequel a également contribué à l’écriture de certaines chansons du disque telles que "Kotomaa", dans laquelle le violon s’intègre et s’illustre à la perfection, ou encore les singles "Aita" et "Saunaan".

Jonne avait promis du rapide et il n’a clairement pas fourvoyé son public. L’introduction de l’effrénée "Tapa sen kun kerkeet" n’offre à l’auditeur qu’un tout petit moment pour souffler avant de repartir de plus belle dans un torrent de vociférations dans lequel se côtoient musique folklorique et un étonnant mélange aux influences punk, voire nu-metal, qui viennent même évoquer dans la seconde partie des refrains un peu du phrasé frénétique si caractéristique de Serj Tankian au sein de System Of A Down ; le tout en moins de deux minutes et demie. Le rythme ne faiblit pas et l’album revient à un folk metal plus traditionnel avec l’enchaînement de la superbe "Aita", ma petite favorite sur ce nouveau disque, "Saunaan", la chanson de taverne par excellence et une ode à la gloire du sauna (littéralement « au sauna ») auquel on sait les peuples scandinaves si attachés, et "Mettään", brièvement introduite par une guitare typée rock sortie d’on ne sait trop où.

La cadence ralentit un peu avec "Kalmisto", dont la lourdeur est habilement contrebalancée par la légèreté du violon et de l’accordéon, qui délivrent peut-être avec ce titre le meilleur exemple de la symbiose que constitue ce duo tout au long du disque.

La seconde partie de l’album respecte un schéma similaire à la première et se conclut posément avec la ballade "Harhainen höyhen", le seul des douze titres dont la durée dépasse les cinq minutes.

"Rankarumpu" est une belle réussite et une preuve que Korpiklaani, après quelques années de peut-être un peu moins bien, ou tout du moins plus éloignées des inspirations qui ont fait la renommée et le succès du groupe, n’a rien perdu de sa superbe. Les tempos rapides promis aux fans de la première heure sont bel et bien caractéristiques de ce nouveau disque, à la fois plus court et plus condensé que ses deux prédécesseurs, lui conférant une accroche solide là où "Jylhä" et "Kulkija" traînaient quelques longueurs. La diversité des inspirations et une gestion du rythme bien pensée et maîtrisée offrent à l’album un bel équilibre. Préparez-vous tout de même à vous accrocher et prenez une grande inspiration car vous n’aurez toutefois que peu de temps pour reprendre votre souffle ; le grand Korpiklaani est de retour !